Modelo Estéreo est le suivi du mode de vie de plusieurs hommes incarcérés, qui ont l’opportunité d’échapper à leur emprisonnement par le biais de l’art. Il s’agit d’un programme culturel organisé au sein de la chapelle de la prison, auquel les détenus peuvent participer. On suit Garo, incarcéré à Modelo pour la deuxième fois. Il se lie d’amitié avec un autre prisonnier, My Friend. Ensemble, ils essaient de se remettre dans le droit chemin en faisant du rap. Ils participent également au Plan de Désarmement, un évènement organisé par la direction de l’établissement, censé participer à leur réhabilitation. Nicolás Gómez Cañón est l’un des intégrants du collectif Mario Grande créé en juin 2014 à Bogotá. À part Nicolás, le collectif est composé de quatre autres réalisateurs : Alvaro Rodríguez Badel, Sergio Dúran González, José Luis Osorio Sánchez, et Jorge Gallardo Kattah. Ancien étudiant de droit, Nicolás est passionné de musique. C’est à partir de cette passion qu’il décide de s’embarquer avec ses amis à l’intérieur de cette prison. Après quatre ans de travail, le collectif Mario Grande a terminé avec une quantité de matériel démesurée. « Un monstre qu’on ne savait pas comment aborder ». Quand il s’agit de traiter un sujet qui concerne des individus marginalisés tels que les prisonniers, toute information semble être pertinente. Comment peut-on juger quelle histoire est plus importante ? Comment synthétiser toute une réalité sociale en 54 minutes ? Modelo Estereo est l’histoire de la vie et l’expérience personnelle de Garo. « On a choisi de faire de Garo notre personnage principal car il représentait le mieux la majorité des prisonniers qu’on a interviewés ». Ce documentaire permet de découvrir une réalité globale, celle des dures conditions de vie des détenus, surtout dans les prisons d’Amérique latine.
Nicolás insiste sur le fait que la réalisation de ce film a été une « prise de conscience de la forme dans laquelle on traite la criminalité et les prisonniers en Colombie ». Le choix de mettre en contraste le mode de vie en prison avec la liberté conférée par la musique donne un fil du documentaire. « La musique dans le cinéma, sa représentation et son importance, pas uniquement comme élément narratif, sinon comme source d’inspiration pour créer des histoires ». En effet, le travail réalisé par Mario Grande au sein de la prison ne se limite pas au tournage du documentaire. En termes de production, un espace de travail spécifique était nécessaire pour donner la priorité souhaitée à la musique : un studio de son. La prison Modelo comptait déjà avec cet espace, quoiqu’il fût très limité en matériel. Mario Grande a pris en charge la tâche d’équiper ce studio pour arriver au point d’y enregistrer la bande sonore du film, au sein d’une prison. De plus, le collectif est toujours en contact avec les prisonniers afin d’envisager de nouveaux projets avec eux en dehors du contexte d’incarcération. « Une nouvelle façon de traiter la criminalité et d’accompagner les détenus une fois qu’ils obtiennent leur liberté. »
Aujourd’hui Nicolás a déjà quelques projets pour le futur, toujours autour de ces deux intérêts portant sur la vie des marginaux et la musique : La forma que tienen las Nubes, un projet où il suit l’histoire d’un ancien prisonnier recruté par les paramilitaires, et un autre documentaire sur la Cumbia.
Amaranta ZERMEÑO