au fil de l'eau en Amérique Latine : 23 Décembre 2023

PRÉSENTATION

Depuis 2019 l’année de l’estallido, une mobilisation sociale sans précédent, démontre que les électeurs chiliens restent résolument anti politiques, confirmé par le dernier référendum constitutionnelle du 17 décembre dernier où, pour la deuxième fois en moins de deux ans, l’électorat chilien devait choisir entre le « oui » et le « non » à propos du projet de Constitution, 55,7 % ont voté contre et 44,2 % ont voté pour. Deux consultations populaires, une en 2022 et une autre en 2023, avec des résultats défavorables. A bien des égards, ce qui s’est passé au Chili est exceptionnel, mais, en même temps, cela semble fournir des indications sur l’approfondissement d’une tendance politique en Amérique latine. En décembre 2023 le vote porté sur un projet de constitution élaboré par une nette majorité de droite et d’extrême droite avait rédigé un texte qui était l’exact opposé de la proposition de 2022. Au-delà de ce qui figure sur le bulletin de vote, les référendums soulèvent toujours plusieurs questions à la fois. C’est particulièrement vrai dans le cas d’un vote dont l’enjeu est un texte juridique complexe et vaste tel qu’une Constitution. Il n’est donc pas surprenant que des facteurs contextuels au-delà du débat constitutionnel aient joué un rôle important lors du premier et du second rejet. Le résultat du référendum marquera les prochaines étapes électorales vers l’élection présidentielle de 2025. Dans les partis de droite, la défaite du projet constitutionnel a jeté génèré un certain trouble et a permis l’émergence de leaderships plus modérés, en particulier, la figure d’Evelyn Matthei qui a maintenu une position beaucoup plus tiède de soutien à la proposition constitutionnelle. Pour sa part, le parti au pouvoir et la gauche se heurtent à un contexte qui rend très difficile la mise en œuvre de leur programme. Bien que le résultat ait mis un terme au retour de l’extrême droite, il consolide également les positions antipolitiques. Ainsi quatre années après le soulèvement de 2019 nous revenons à la case départ laissant au président Gabriel Boric le rôle de tenter quelques reformes avant la fin de son mandat en 2025.

Dans cet éditorial nous restons encore sur le Chili avec la sortie en salle du film Les Colons de Felipe Galvez, western envoûtant sur la naissance du Chili qui raconte le génocide des Indiens Selk’nam au début du XX^e siècle. Un drame poignant qui se joue dans de magnifiques espaces de la Patagonie chilienne.  Nous sommes en 1902 et de grands propriétaires terriens espagnols ont décidé de massacrer les autochtones, les Indiens Selk’nam, aussi appelés Onas, afin d’ouvrir une voie terrestre vers l’océan Atlantique. Sur ces étendues arides se joue la naissance sanglante du Chili, un vrai génocide oublié que le réalisateur chilien raconte dans une superbe fresque qui a séduit en mai dernier les spectateurs du festival de Cannes dans la section « Un certain regard ». Le film est en salle depuis une semaine et il ne faudra pas manquer de le voir.

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Januario ESPINOSA
Directeur de la rédaction

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