SYNOPSIS

Entre 1980 et 2000, un conflit armé opposant l’armée péruvienne aux guérilleros du Sentier Lumineux et du MRTA fait des milliers de morts et divise le pays. Vingt ans après la fin officielle du conflit, trois personnes reviennent sur les traces de leur passé et cherchent à surmonter la peur de la stigmatisation, de la culpabilité et du pardon. A travers ces trois récits opposés, ce voyage révèle la présence persistante des bouleversements et des ravages de la guerre dans la société péruvienne. 

Pérou / 75 min 
Thématique : CONFLITS ARMÉS / MÉMOIRE ET DOULEUR / MINORITÉS

Entre 1980 et 2000, un conflit opposant l’armée péruvienne aux guérilleros du Sentier lumineux et du MRTA fait des milliers de morts et divise le pays. Malgré la commission de vérité et réconciliation mise en place début 2000 par le président Fujimori, le sujet reste une plaie ouverte dans la mémoire péruvienne et n’est souvent abordé que sous le prisme du terrorisme. Mariano Agudo et Daniel Lagares, deux réalisateurs espagnols ayant travaillé sur le sujet par le passé nous offrent aujourd’hui une lecture nuancée de cette période et de son impact sur la société péruvienne. En mettant en scène les errances de leurs protagonistes, tous à la recherche de réponses concernant cette période, les réalisateurs dévoilent trois parcours atypiques. Celui de Dolores Guzmán, tout d’abord, dernière survivante de son village attaqué par l’armée que Agudo et Lagares ont décidé de mettre en avant pour raconter l’histoire des victimes prises entre deux feux pendant le conflit.

Le film nous présente ensuite José Carlos Agüero qui s’interroge sur son enfance passée au sein du Sentier Lumineux et sur le destin de ses parents, arrêtés et tués par des militaires. C’est en écrivant un livre qu’il attire l’attention des deux réalisateurs qui le suivront ensuite, de l’ancienne prison de son père aux plateaux TV où il défend son besoin de raconter cette histoire. Le dernier parcours est celui de Lurgio Gavilán qui rejoint très jeune le Sentier lumineux pour se voir ensuite incorporé à la brigade armée qui tuera ses camarades. Revenu sur les lieux avec les réalisateurs, il espère également pouvoir retrouver le corps de son frère, un combattant senderiste mort pendant les affrontements. Grâce à ces portraits complexes et touchants accompagnés de somptueuses images des Andes péruviennes plongées dans la brume, La Recherche nous permet d’explorer la mémoire de ce passé difficile, trop peu connu en France. D’après Mariano Agudo, ce documentaire s’est construit comme un espace de liberté où chacun a pu s’exprimer avec sincérité et ainsi permettre la création de nouveaux sujets de débats au-delà du manichéisme qui les domine habituellement. Mais celui-ci montre également l’incompréhension et le jugement que subissent les personnes dont l’histoire ne correspond pas au discours officiel.

Les projections au Pérou ont d’ailleurs été systématiquement suivies d’un très long silence, pensif et « presque religieux », qui prouve encore une fois que La Recherche est un film important qui porte un nouveau regard sur la période la plus marquante de l’histoire récente du pays. Mariano Agudo et Daniel Lagares n’en sont pas à leur premier documentaire engagé, ils ont par exemple participé, chacun de leur côté, à des films retraçant le parcours d’une jeune migrante sénégalaise tentant de rejoindre l’Europe (Samba, un nombre borrado, 2017) et les conditions de vie des éleveurs dans les îles Canaries (Asina, 2008). Ils résident toujours au Pérou et travaillent actuellement sur la production d’un nouveau documentaire, traitant cette fois-ci de la région de Madre de Dios dont la biodiversité est menacée par l’extraction illégale de minerais.

Élise PIA

Mariano Agudo est diplômé en communication audiovisuelle de l’Université de Séville. Il est membre fondateur d’Intermedia Producciones, où il réalise des documentaires et dirige la photographie, en axant son travail professionnel sur le genre documentaire. La qualité de son travail derrière la caméra l’a amené à collaborer avec d’autres réalisateurs tels qu’Alberto Rodríguez, Javier Corcuera, Eduardo Montero et Fernando León. Ses documentaires, dont Presos del silencio ou Samba, lui ont valu une reconnaissance internationale.  

Daniel Lagares est documentariste basé au Pérou, où il a fondé Fílmico. Il travaille comme photographe, producteur de cinéma et de télévision. Parmi ses productions les plus remarquables, citons Asina (2009), qui a remporté un prix dans Alcances y Miradas DOC en 2009 et est considéré par les Cahiers du cinéma comme l’un des regards cinématographiques les plus exceptionnels de l’année. La recherche est le fruit de sa collaboration avec Mariano Agudo.