Dominique FABRE, France.
Dominique Fabre est né à Paris en 1960. Durant son enfance, il a passé plusieurs années avec sa sœur dans une famille d’accueil, il a habité en HLM et a été dans un internat jusqu’au bac, un milieu où la littérature était un luxe et les livres rares. Un milieu qui a inspiré plus tard une partie de ses œuvres où il se présente comme écrivain des gens anonymes. Un premier voyage aux États-Unis, deux années de classe préparatoire littéraire et une inscription en lettres ont précédé ses études en philosophie. Son diplôme dans la poche, passant d’un petit boulot à un autre, il envoyait des manuscrits aux éditeurs, une tâche qui durerait longtemps sans avoir l’occasion de publier. Il deviendrait aussi correcteur en imprimerie, puis en presse pour le Journal du textile pour gagner sa vie. Ignorant la grandiloquence de la littérature historique, des polars ou de la science-fiction, les histoires de Dominique Fabre tournent autour des gestes simples de la vie quotidienne de personnages presque anodins à la recherche du bonheur : « Je crois surtout aux aventure immobiles, celles qui ont lieu dans un cadre bien délimité de nos existences ».
Il faudrait s’arracher le cœur:
Il portait une chemise blanche, un jean bleu nuit, il était très élégant. Quand je suis arrivé, son père lisait le journal dans la grande pièce, le double living. Je pense à ma mère en disant cela : un double living, ça lui plaisait. Au bout d’un certain nombre d’années, tous les mots vous font penser à des gens, et les gens disparaîtront, mais pas les mots. Les mots ne disparaîtront jamais tout à fait. Ces disparus, ces paroles enfouies persistent à éclairer notre route, à nous montrer le chemin : il faut continuer d’aimer, malgré les abandons et les chagrins. Que lisiez-vous en 1983, Duras ou Albertine Sarrazin ? Étiez-vous fan des Pink Floyd ou de Keith Jarrett ? Fréquentiez-vous le pub Renault ? Et ces autres miracles de nos vies ordinaires. Il faudrait s’arracher le cœur nous murmure que notre jeunesse est éternelle: tout un monde qu’on croyait enseveli réapparaît. En fait, il n’avait jamais cessé d’exister.
D’après l’éditeur.
Bibliographie:
Moi aussi, un jour j’irai loin, éd. Maurice Nadeau, 1995/ éd. Points 2012, 224 p., 6 €
J’aimerais revoir Callaghan, éd. Fayard, 2010, 250 p., 18,20 €
Il faudrait s’arracher le coeur, éditions de L’Olivier, 2012, 224 p., 18 €
Photo © Patrice Normand