« Es un monstruo grande y pisa fuerte », les paroles de la chanson de Mercedes Sosa sont en totale adéquation avec le documentaire des réalisateurs finlandais qui n’est autre qu’une analogie de l’impact de la guerre, il aborde le caléidoscope que forment la réalité colombienne et les personnes qui se battent pour une société meilleure. Les réalisateurs Jenny Kivistö et Jussi Rastas ont passé un an et demi en Colombie lors de l’accord de paix et du processus de désarmement passé entre le gouvernement colombien et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Une idée qui semblait lointaine il y a encore peu de temps dans une société inégalitaire et déchirée au sein de laquelle chacun conserve sa propre opinion sur la loi et la morale. « Nous étions en Colombie précisément au moment crucial où les gens parlaient beaucoup de paix, ils avaient beaucoup d’espoir. Et de là, grâce à de nombreuses coïncidences, nous sommes finalement arrivés au camp des FARC », raconte Jenny Kivistö. C’est un projet qui a commencé sans but précis, si ce n’est l’idée de réaliser un documentaire poétique sur la paix, et de s’immiscer dans l’intimité du processus. « Étant donné que nous sommes extérieurs au conflit colombien, cela nous a été avantageux. Nous étions dignes de confiance, mais surtout cela nous a permis d’aborder le conflit avec des yeux neufs. »
Rastas explique que pendant le tournage, le travail de recherche est devenu la priorité, la pierre angulaire puisque, selon lui, il est nécessaire de présenter des faits vérifiables et concrets. Lever le voile et offrir une transparence totale sur la situation. « Nous sommes conscients des responsabilités que nous endossons avec ce documentaire, notamment son interprétation auprès du public international. Nous souhaitons que nos spectateurs puissent se forger une vision réelle et objective de la situation colombienne », ajoute Rastas. Pour Kivistö, le défi de ce film a été de concilier l’information et la cinématographie durant le processus complexe de montage qui a pris plus de neuf mois. « Nous savions que nous voulions faire un documentaire pour un public international, mais aussi pour le public colombien, et pour satisfaire les deux publics, cela a été une question d’équilibre », nous dit Rastas.
Dans ce documentaire, des événements inédits sont mis en avant et donnent de la visibilité à des situations jusque-là jamais retranscrites, des outils qui donnent une vision plus précise des personnes œuvrant pour la paix. Pour Kivistö : « Il y avait des choses aussi qui devaient être dénoncées, comme le massacre auquel ont dû faire face les cultivateurs de coca que nous avions filmés. Nous n’avions pas prévu d’inclure cet incident dans le documentaire, mais comme cela s’est produit en notre présence, nous l’avons ajouté. » Kivistö et Rastas ont pris la responsabilité d’aider ces personnes, cela a permis d’installer un climat de confiance et de s’exprimer en tout âme et conscience. Colombie, l’avenir en mains, intègre différents regards autour d’une problématique complexe dans laquelle différents acteurs sociaux et politiques sont liés.
Marcelino PACHECO