« Le droit à l’eau doit être inclus dans la nouvelle Constitution », réaffirme le vicaire apostolique d’Aysen, au Chili, pays où une Assemblée constituante se réunira en 2021 afin d’élaborer une nouvelle loi fondamentale qui remplacera celle de 1980, restée en vigueur malgré la transition démocratique des années 1990. Un référendum organisé le 25 octobre dernier a permis de faire valider, par une très large majorité du corps électoral, le principe d’un changement de Constitution.
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Le vicaire apostolique d’Aysén, Mgr Luis Infanti de la Mora a déclaré « L’eau est à l’origine de toute vie. Sans eau, il n’y a pas de vie […] L’eau est un élément essentiel à la vie, non seulement pour les personnes mais pour tous les êtres vivants. Elle est également centrale dans toutes les religions. On parle toujours de l’eau comme d’un élément symbolique essentiel, c’est pourquoi dans la nouvelle Constitution, elle doit avoir l’importance qui lui est due, avec son sens spirituel et humain », a-t-il expliqué dans un entretien à Radio Santa María, une station de radio locale.
Mgr Infanti de la Mora est connu pour son engagement en faveur de l’accès à l’eau. En 2008, dans une lettre pastorale intitulée « Donnez-nous aujourd’hui notre eau de ce jour », il soulignait que l’accès à l’eau était un problème central au Chili : dans certains endroits, elle abonde, dans d’autres, elle fait défaut, avec une gestion qui fait l’objet de nombreuses discussions à tous les niveaux. Il s’appuie donc sur l’encyclique du pape François Laudato Si’ pour appuyer cette revendication d’un accès à l’eau plus égalitaire. El Salvador s’est récemment orienté vers un tel droit avec un vote unanime du Parlement.
L’eau confisquée par les entreprises multinationales
Concernant l’importance d’inclure les droits sur l’eau dans la nouvelle Constitution, le vicaire apostolique a précisé que « dans le monde entier, la propriété de l’eau appartient à l’État et la gestion et la distribution sont confiées à des entreprises privées, des communautés, des municipalités ou des partenariats mixtes public-privé. » Au Chili, cependant, 82 % des propriétaires d’eau sont des sociétés multinationales. « Il y a toujours un problème ! Cette Constitution du Chili, qui accorde la propriété privée de l’eau à ceux qui ont le pouvoir de l’acheter, a favorisé la privatisation de la plupart des droits sur l’eau dans notre pays par des sociétés multinationales. Pas même Chiliennes. », s’est insurgé Mgr Infanti.
Après la grande controverse sur les barrages qui devaient être installés à Aysén, l’évêque précise que certains voulaient changer la loi du Code de l’eau, rédigé en 1981, mais qu’il n’y a pas eu de progrès précisément « parce qu’il y a de forts lobbies des entreprises forestières, minières et agricoles, de grandes entreprises dans le pays, qui font pression pour que la situation actuelle ne change pas. »
Radio Vatican