Le Service national électoral chilien (SERVEL) vient de publier les dates des prochains appels aux votes de l’année prochaine au Chili. Il pourrait être l’occasion de remplacer les élites politiques qui ont dirigé le pays pendant trente ans la transition démocratique chilienne ?
Photo : RTVE.es
Dans un contexte de crise gouvernementale aggravée par l’accusation constitutionnelle votée par l’assemblé nationale contre le ministre de l’intérieur Victor Pérez, qui s’est vu poussé à la démission – le troisième en moins de quatre ans, le Chili se prépare à des nombreuses échéances électorales. En effet, le référendum du 25 octobre dernier est en train d’ouvrir la voie à une refondation sociale et politique du Chili.
Le pays doit entamer un cycle électoral intense pour 2021 qui devrait inaugurer entre autres un processus constitutionnel inédit destiné à faire avancer le pays vers un état social de droit qui corrigerait les asymétries et les inégalités provoqués par l’orthodoxie ultra-libérale hérité de la dictature ainsi que les enclaves empêchant d’approfondir la démocratie politique.
Ce cycle a commencé le 29 octobre avec le champagne pour les primaires municipales. Le 11 janvier 2021débute l’inscription de candidats et candidates à la convention constituante dont la campagne va jusqu’au mois d’avril. Le 11 avril 2021 auront lieu les élections générales municipale et régionale ainsi que celle des membres de la convention constitutionnelle. Le 4 mai se dérouleront les primaires présidentielles avant l’élection présidentielle et les législatives du 21 novembre 2021. Le 19 décembre aurait l’éventuel deuxième tour pour le scrutin présidentiel. Entre juin et juillet 2020, les électeurs seront appelés à ratifier la nouvelle constitution remplaçant celle voté en 1980 sous la dictature du général Augusto Pinochet.
Toutefois, en ce qui concerne la convention constituante, il existe au présent de nombreuses interrogations et craintes notamment sur la désignation des futurs membres indépendants de cette convention. Cette constituante arrivera-t-elle à être un véritable reflet de la diversité de la société chilienne ? Qui peut présenter sa candidature ? Comment franchir les obstacles qui existent pour les candidatures des leaders sociaux et des personnes de la société civile qui ne font pas partie des cercles du pouvoir et des partis politiques ? Comment vont-ils financer les campagnes, combien des signatures seront-elles requises et comment vont-ils les recueillir ?
Déjà émergent dans les conversations les noms de quelques figures indépendantes ou éloignées de partis politiques et qui ont été présents dans le débat public avant et pendant la crise sociale et politique. Mais, le réalisme pour ne pas dire le pessimisme se mêle à l’espoir devant les difficultés matérielles concrètes pour construire un Chili différent où l’argent et l’appartenance sociale ne soient pas les seules voies pour accéder au pouvoir. Dans ce sens, la période qui s’inaugure est marqué par l’espoir et l’incertitude. Réduire cette incertitude est l’une des taches de la nouvelle convention constituante en ouvrant les espaces de discussion et en créant des mécanismes réels et efficaces de participation.
Olga BARRY