José María Arregui et le roi (émérite) d’Espagne Juan Carlos de Bourbon reforment le duo et sont de retour après leur dernière aventure parue en 2011 Je reste Roi d’Espagne. Une fourmi nommée Soledad en guise d’animal de compagnie, une ignorance totale des nouvelles technologies et un automatique qui dégaine plus vite qu’une poignée de main, tel est la vie de José María Arregui l’ex-policer reconverti en détective privé.
Photo : Actes Sud
José María Arregui dit Txema est de retour à l’aube de ses cinquante ans. Devenu détective privé il se retrouve mêlé à une double enquête dont les vas et viens sont rythmés au son de la voix d’un GPS, la voix de Claudia, sa femme décédée. D’un côté c’est Super, son meilleur ennemi depuis l’école de police aujourd’hui haut gradé qui le sollicite en parallèle de l’enquête officielle sur la mort de Joaquín Latro Rapíñez, un homme qui a magouillé avec tous les partis politique du pays et qui est considéré comme l’ennemi numéro un. Suicide ou assassinat, le résultat de l’enquête et tous les secrets de l’Espagne se trouvent entre les mains, ou plutôt les poings vifs du détective. De l’autre côté c’est une femme totalement à côté de la plaque au nom de fleur et aux cheveux verts qui recherche désespérément son aide, Dalia, comme le Dalia rouge, a perdu son chat.
« J’ai l’impression que tu dors beaucoup mais que tu rêves bien peu. » Txema à presque cinquante ans ne cesse de se battre contre tout le monde et lui-même inclut, un personnage rustre et solitaire qui arrive à réfléchir seulement dans un sex-shop et dont la compagnie se résume à des maîtresses et une fourmi nourrie de pain et de sucre dans un coin de son bureau. Il reste toutefois épaulé par Max Legrand son éternel associé et Johnny Bourbon, la couverture du très surprenant Juan Carlos de Bourbon ayant cédé le trône à son fils qui se meurt d’ennui dans son palais et qui passe son temps à semer son escorte royale tout en rêvant d’un poste d’assistant officiel d’Arregui.
Carlos Salem, le natif de Buenos-Aires installé en Espagne depuis plus de trente ans revient en signant un nouveau roman policier aux éditions Actes Sud. C’est le retour du personnage José María Arregui et de sa bande tonitruante. Il nous plonge au cœur d’une double enquête en plein Madrid avec une inspiration Argentine constamment présente. L’auteur s’affirme réellement dans le sillage du roman noir avec une écriture ludique, des scènes et personnages surréalistes à la limite de la parodie. Tout au long de son œuvre, Carlos Salem, n’hésite pas entre deux dialogues à critiquer les hautes sphères du monde qui nous entoure, l’Eglise, la politique espagnole et ses dirigeants. Une ironie constamment présente de par la présence de l’ex-Roi d’Espagne « ces machins ça part tout seul quand on s’y attend le moins » déguisé en chanteur de hip-hop et camouflé sous l’identité d’un enquêteur de Scotland Yard.
En somme, un roman ludique où tous les ingrédients d’un policier classique sont réunis qui nous plonge au sein d’une aventure rocambolesque aussi drôle qu’explosive qui reste une représentation du monde dans lequel on vit aujourd’hui avec ses bons et ses mauvais côtés.
Enzo LAURENT
La dernière affaire de Johnny Bourbon, Carlos Salem traduit de l’espagnol par Judith Vernant (éd. Actes Sud, 2020 Paris), 224 p., 21 €.