Promouvoir les Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’ONU, partager une stratégie commune, donner une impulsion à la coopération Nord-Sud et sensibiliser les jeunes générations sur des sujets mondiaux : voilà les objectifs du projet « Cap ou pas Cap » développé par les associations françaises Apoyo Urbano et Robin des Villes auquel participent les Nouveaux Espaces Latinos. Un projet de coopération international qui dépasse les frontières de l’Hexagone pour atteindre le Salvador et le Pérou.
Photo : Marie Perón
Dans cet article nous parlerons de la partie latino-américaine du projet, c’est-à-dire de la réalisation et du développement de « Cap ou pas Cap » dans ces deux pays partenaires latino-américains, le Salvador et le Pérou, afin de mieux en comprendre le fonctionnement et l’impact. Nouveaux Espaces Latinos a interviewé Marie Perón et Laura Rodriguez, deux françaises qui participent sur place à ce projet de coopération internationale par le biais du Service civique. Il s’agit d’une première expérience en dehors de l’Europe pour ces deux jeunes femmes.
Laura travaille au Pérou au sein de la communauté de Llanavilla, un district de Villa Salvador à une vingtaine de kilomètres de Lima. Dans le cadre du projet « Cap ou pas Cap » elle est éducatrice dans l’école Santa Rosa de Llanavilla, où elle réalise des activités avec des enfants de neuf à douze ans. Marie Perón, 21 ans, est travailleuse sociale en France et collabore au Salvador dans la commune de Atiquizaya, au Centre culturel d’art et de culture avec des enfants de sept à treize ans.
Le projet
Pour Laura, « Cap ou pas Cap » est « un projet de rencontre entre des jeunes du monde » alors que pour Marie « c’est un moyen de sensibiliser des jeunes de trois pays vivant des problématiques similaires mais en même temps différentes ». Le projet « Cap ou pas Cap » cherche à développer une conscience chez des jeunes sur les enjeux mondiaux actuels afin qu’ils soient capables d’affronter les nouveaux défis que la globalisation et le développement moderne ont créés ou aggravés ces dernières années. Trois sujets ont été abordés par les enfants lors des ateliers hebdomadaires : l’égalité de genre, le changement climatique et la migration. Par la méthode participative et dans le respect de chacun on avance beaucoup, non seulement en France mais aussi dans les deux communautés latino-américaines.
Que veut dire Communauté locale ?
Au Pérou, la communauté de Llanavilla fait partie de la Villa Salvador, à 25 km du centre de Lima. « Il y a une colline qui sépare Llanavilla de Villa Salvador, ce qui pose des problèmes de communication et d’accès aux ressources de Villa Salvador où il y a des difficultés économiques et des inégalités ; par exemple les habitants n’ont pas tous accès à l’eau potable », nous raconte Laura. Cependant, il y a des investissements dans les industries. À Llanavilla, « l’école joue un rôle central et représente le seul lieu de sociabilité pour les jeunes. Il y a aussi un lien très étroit entre les élèves et les professeurs ».
Au Salvador, Atiquizaya est une petite ville de presque trente mille habitants à une demi-heure de Santa Ana, la deuxième ville plus grande du pays. Le problème majeur y est l’absence d’initiative parmi les jeunes. Le Centre Intégral Municipal d’Art et de Culture (Cimac) est le seul centre où a lieu la vie sociale de la ville. Sept professeurs y travaillent.
Laura et Marie, dans le cadre du projet, contribuent chaque jour à la création d’ateliers d’éducation et font des propositions. Mais quel est l’impact que ces activités ont sur les enfants ?
Les jeunes réalisent les enquêtes sur les ODD dans leur territoire et échangent leurs points de vue avec d’autres jeunes de différents pays par l’intermédiaire d’un travail de création artistique, en rédigeant des articles journalistiques ou par des simulations et différentes méthodologies de l’éducation informelle. Laura nous raconte qu’au Pérou il existe une forte immigration vénézuélienne et que cela affecte parfois l’équilibre de la communauté. Dans les écoles de la communauté de Llanavilla, il y a des jeunes vénézuéliens qui ont souffert, même à l’école, de discrimination avant le début du projet « Cap ou pas Cap ». « Dans nos ateliers, nous parlons beaucoup de cette situation et leur donnons la possibilité de s’exprimer et de partager leurs histoires pour que les autres enfants comprennent les raisons de ces réactions ». C’est donc cela l’impact : les jeunes deviennent plus curieux et prennent conscience de ces réalités parce qu’ils ont maintenant les outils pour les comprendre. « Grâce au projet, ils sont clairement plus empathiques à propos du sujet de la migration ». Il faut commencer avec eux, avec les enfants, pour que ce changement affecte aussi les familles et devienne une sorte d’antidote contre ce virus qu’est la discrimination.
Au Salvador « on est parvenus à créer un groupe uni de jeunes qui ont une grande cohésion, qui discutent entre eux même après les ateliers, créant ainsi des liens d’amitié ». Au sein de cette communauté, le thème du changement climatique est perçu comme très proche car il touche directement la vie quotidienne de la population. Par exemple, nous dit Marie, la communauté connaît plusieurs problèmes environnementaux, notamment au sujet de la gestion des déchets. Avec ce projet ils sont arrivés à sensibiliser leurs parents sur des sujets comme le respect de l’environnement et le recyclage. Durant les ateliers, les enfants font des propositions, lancent des idées qu’ils peuvent maintenant partager et ainsi, grâce au projet, ils deviendront peut-être les futurs ambassadeurs de leur communauté, voire même de leur pays.
Le projet « Cap ou pas Cap » poursuivra son chemin au cours des prochains mois dans les trois pays où il est mis en application. Il est certain qu’une fois son impact analysé et mesuré dans les communautés de Saint-Fons en France, d’Atiquizaya au Salvador et de Llanavilla au Pérou, il pourrait s’imposer comme un modèle ou une bonne pratique de coopération internationale entre l’Europe et l’Amérique latine.
Luca DI PIETRO
Traduit par Olga Barry