Ce drame psychologique colombien met en scène la violence qui atteint de jeunes adolescents surnommés les Monos, dans les montagnes de Colombie. En peignant la vie harmonieuse de ces adolescents dans un paysage idyllique, perturbée par la violence d’une séquestration et la poursuite des forces armées gouvernementales, Alejandro Landes nous partage une réalité, parfois cruelle, qui touche l’Amérique latine ainsi que les plus faibles.
Les Monos, ce sont huit jeunes guerriers rebelles qui décident de former un commando, au sommet d’une montagne, quelque part en Amérique latine, sous la direction d’un pseudo-sergent militaire. Mandatés par une force obscure appelée « l’Organisation », ils ont pour seules missions de veiller sur « la Doctora », une ingénieure américaine qu’ils ont prise en otage, et une vache laitière prêtée par des gens du coin. Mais lorsqu’ils tuent accidentellement cette dernière, et que l’armée régulière approche, les choses commencent à changer, et ces jeunes adolescents, surnommés Rambo, Schtroumpf, Bigfoot, Woof ou encore Boom-Boom, n’ont plus la tête à jouer. Les tensions s’amplifient, la mission se complique, et c’est l’urgence, ils doivent fuir dans la jungle…
Ce film dramatique psychologique colombien, co-écrit, réalisé par Alejandro Landes, et interpreté par Moisés Arias, Julianne Nocholson et Sofía Buenaventura, a déjà connu un grand succès avant même sa sortie en France. « Monos est une aventure folle, c’est même peut-être le plus grand challenge de ma vie d’acteur », a déclaré Moisés Arias. Le Festival de Sundance, un des évènements les plus importants aux États-Unis pour les films indépendants, a décerné le Prix Spécial du jury au film Monos, dans la catégorie de cinéma international. L’un des membres du jury a déclaré : « Je veux tout simplement dédier ce prix aux jeunes adolescents qui jouent dans le film. » Il a ajouté : « C’est leur esprit qui nous parvient à travers l’écran, et ce sont tout simplement de très belles personnes. Cela montre qu’il n’y a pas de conflit dans le monde qui ne soit un conflit étranger ».
Alejandro Landes est revenu sur le titre de son film, pour nous l’expliquer : « L’origine [grecque] du mot Monos signifie seul, solitaire, le chiffre 1. Je l’ai choisi parce que je pense qu’une grande part de la tension dans notre vie quotidienne provient de la confrontation de l’individu avec le collectif. Entre l’Un et le Tout ». Cette explication nous en dit plus sur la dimension sociale du film. La nature sauvage, dans laquelle vivent les jeunes adolescents dans l’innocence et la cohésion, est un cadre féérique que va venir obscurcir les tensions et les affrontements entre les adolescents guérilleros.
On peut constater la portée politique de Monos, et le désir pour les réalisateurs et producteurs de faire part au monde de ces thèmes récurrents de la violence, de la disparition, d’une séquestration perpétrée par des adolescents, et c’est là peut-être le point fort de ce film, choquer par la mise en scène de ces adolescents casi embrigadés, ces guérilleros, qui en s’affrontant entre eux, et face aux forces gouvernementales, deviennent acteurs de la violence, dans un monde où ils ont grandi avec.
Un film qui donne à réfléchir au spectateur européen, en mettant à nue la violence présente en Colombie, un film qui sait montrer cette réalité crue et terrifiante, personnifiée par ces adolescents, et c’est sans doute cela qui choque. Les scènes de magnifique paysages colombiens, la nature dans laquelle naît et grandit cette jeunesse qui devient violente, font de Monos une expérience cinématographique qui promet d’être inoubliable. Un film « envoûtant, unique », selon Guillermo del Toro.
Blanche TAILLANDIER
« Monos » (France, Colombie), réalisé par Alejandro Landes, 1h 43min, En salles depuis le 4 mars 2020