Pour faire face à un blocage parlementaire sur l’adoption d’un prêt, le président du Salvador Nayib Bukele a envoyé l’Armée à l’Assemblée nationale, le 9 février, créant une crise institutionnelle. La Cour constitutionnelle et la communauté internationale ont demandé au président de ne plus faire usage de l’armée à des fins politiques.
Photo: (AP photo by Salvador Melendez).
Après l’irruption de l’Armée dans l’Assemblée nationale par ordre du président salvadorien Nayib Bukele, le 9 février dernier, la Cour constitutionnelle a demandé au président de « ne pas faire usage de la force armée pour des activités contraires aux objectifs établis dans la Constitution ». Le président a accepté de se plier à cette injonction pour sortir de l’impasse. Les députés et l’opposition ont dénoncé une « tentative de coup d’état » après l’appel du président à une « insurrection populaire » et l’irruption des Forces armées dans la chambre législative. Bukele critique un « blocage parlementaire » systématique, le parti du président Nuevas Ideas (Nouvelles Idées) n’a aucun siège sur les 84 qui composent l’Assemblée salvadorienne.
La décision de Bukele a provoqué rapidement un tollé au sein de la communauté internationale. Plusieurs organisations de défense des droits humains comme Amnesty International ont condamné la « présence militaire non-nécessaire ». Human Rights Watch a fait appel à la médiation de l’Organisation des États américains (OEA).
Le dérapage du pouvoir exécutif avait pour but de faire pression sur les députés pour l’approbation d’un prêt de la Banque centraméricaine d’intégration économique (BCIE) de 109 millions de dollars destiné à la lutte contre les gangs criminels. La politique de Nayib Bukele est centrée, depuis son élection en juin 2019, sur l’amélioration de la sécurité par la lutte contre les organisations criminelles. Ce qui lui permet d’avoir un record de popularité (70 % d’opinions favorables).
Sa politique a fait ses preuves, en effet, depuis son élection, le taux d’homicide s’est réduit de moitié (35,6 pour 100 000 habitants) en 2019, un des taux les plus bas des dernières décennies, et cinq fois inférieur à celui de 2015 (100 homicides pour 100 000 habitants). Ce qui place ce pays d’Amérique centrale comme un des plus violents au monde, sachant que le Salvador a une population de 6,5 millions d’habitants.
Manuela MANCHENO