Recherches internationales, d’inspiration marxiste, d’un marxisme dégagé de toute école et ouvert au débat et à la controverse, accompagne les activités de l’association « Espace(s) Marx » et de la Fondation Gabriel Péri dont elle est partenaire. Elle propose dans sa dernière livraison un numéro spécial consacré à l’Amérique latine.
Photo : Recherches intrrnationales
Dans un monde en bouleversements rapides et complexes le champ du mondial devient décisif posant en des termes renouvelés la question de l’articulation du national à l’international. Le mondial, loin d’être un facteur extérieur secondaire, ne faisant qu’apporter des corrections négligeables aux problèmes locaux, apparaît comme une réalité intérieure omniprésente façonnant la vie des États, des sociétés et des individus. Les nations et les peuples sont pris dans la tourmente de la mondialisation et y résistent sous des formes singulières. Un besoin apparaît, visant à prolonger ces résistances par la recherche et la promotion de nouvelles alternatives internationales solidaires et démocratiques.
Servir de repère dans la confrontation plurielle des idées, mieux éclairer les grandes tendances, les enjeux de la scène internationale et les forces qui la structurent, ainsi que les luttes et les solidarités qui s’y nouent, révéler les antagonismes sociaux sous-jacents, telle est l’ambition de Recherches internationales.
Dans le numéro 115, daté Juillet-Septembre dernier, elle consacre un dossier central sur l’Amérique latine, en soulignant dans sa présentation, « que le cycle de gouvernements progressistes qui ont dirigé l’Amérique latine depuis le début du 21e siècle appartient aujourd’hui au passé ». Franck Gaudichaud, directeur en science politique à l’Université Toulouse 2 présente un article sur les gouvernements « progressistes » dans leur labyrinthe où il souligne « que le sous-continent latino-américain est indéniablement entré dans une nouvelle période politique depuis quelques années, notamment depuis la mort d’Hugo Chávez en mars 2013 ».
Blandine Destremau, chercheur à l’Institut de recherches internationales et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris, évoque sous le titre Cuba face au vieillissement de sa population la situation démographique qui affecte la plupart des pays du monde et dans laquelle Cuba se signale par un niveau de vieillissement particulièrement avancé, produit d’une combinaison de progrès sanitaires et sociaux, de flux migratoires et de difficultés de conditions de vie, qui semblent affecter les décisions reproductives des ménages.
Mylène Gaulard, maître de conférences en économie de l’Université de Grenoble Alpes signale dans son article Le Brésil de Bolsonaro, une alliance improbable entre libéralisme et conservatisme que les premières mesures prises par l’ancien militaire permettent d’avoir un aperçu de l’orientation politique et économique qui prendra le Brésil dans les prochaines années et suscitent une vive approbation ou au contraire un rejet radical du nouveau gouvernement.
Pour sa part Pierre Salama, professeur émérite des universités, dans sa contribution Argentine : avancer sans reculer, indique que l’Argentine dévisse depuis plusieurs décennies et alterne des taux de croissance élevés et des crises profondes ; au final, sa croissance sur une longue période est très faible.
La sociologue Maristelle Svampa, professeure à l’Université nationale de La Plata propose une analyse dans son article Vers un néo-extractivisme aux formes extrêmes avec la multiplication des projets d’extraction comme le reflètent divers plans nationaux de développement.
Jean-Raphaël Chaponnière, ingénieur de recherche au CNRS souligne les enjeux de la percée chinoise en Amérique latine qui depuis le début de cette décennie a été spectaculaire.
Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Iris, évoque Donald Trump face aux migrations d’Amérique latine, analyse à partir d’un récent rapport du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés la situation de l’Amérique latine où il signale que la Colombie à elle seule détient le triste record mondial de déplacés forcés. Huit millions de Colombiens déplacés internes devant la Syrie et la République démocratique du Congo.
D’après les éditions Paul Langevin
Recherches internationales n° 115 (Juillet-septembre 2019) « L’Amérique latine en bascule. 15 euros – 6, av. Malthurin Moreau, 75167 Paris cedex 19 -www.recherches-internationales.fr