C’est un processus électoral à rallonge en Uruguay, le deuxième tour de l’élection présidentielle n’a pas réussi à départager les deux candidats en lice. Étant donné le peu de différences de voix entre les deux participants, les votes devront être recomptés, un processus qui pourrait durer jusqu’à jeudi prochain.
Photo : TRVI Espagne
Le duel entre Daniel Martínez (Frente Amplio) et Luis Lacalle Pou (emmenant une coalition des droites) joue les prolongations. Annoncé vainqueur par de nombreux sondages, Lacalle Pou n’a pas réussi à se démarquer suffisamment pour que sa victoire soit annoncée dimanche. Le candidat pouvait pourtant compter sur un large soutien des autres partis politiques alors que le Frente amplio, au pouvoir depuis 15 ans dans le pays, faisait cavalier seul.
Selon les commentateurs, ce revirement de situation s’explique par le vote des Uruguayens à l’étranger qui ont massivement participé au scrutin mais aussi au scandale provoqué par une vidéo montrant le général Manini Ríos, du parti Cabildo Abierto et soutien de Lacalle Pou, en train de convaincre les soldats de voter pour sa coalition. La victoire du candidat de gauche, Alberto Fernández, en Argentine, il y a quelques semaines, termine d’expliquer les raisons de ce changement de cap chez les votants.
La légendaire stabilité institutionnelle du petit pays d’Amérique latine est donc mise à mal. Bien que les deux partis en lice aient accepté le recomptage des urnes, on peut craindre des débordements lors de l’annonce des résultats définitifs. C’est une société polarisée, au sein de laquelle aucun des deux candidats ne fait l’unanimité, que devra diriger le futur président de l’Uruguay. C’est d’ores et déjà une petite victoire pour le Frente amplio qui s’attendait à devoir digérer une lourde défaite et qui se voit aujourd’hui accorder un bref sursis…
Romain DROOG