Une perle inédite, dans un très joli mini-écrin, la nouvelle collection des éditions de la Table Ronde, la « nonpareille » : une seule nouvelle qui occupe un petit livre au design soigné. Sylvia Plath a inauguré la série et Emma Cline suit immédiatement Eduardo Halfon.
Photo : éd. Table Ronde
La paternité, un sujet inépuisable. Ici, la réussite c’est de faire tenir l’inépuisable en une trentaine de pages à peine. Le narrateur, « allergique, déséquilibré, chauve et névrosé », vit dans le Nebraska où il est traducteur et, probablement, auteur. Il n’a pas envie d’avoir un enfant, mais voilà que se pointe un grain de raisin qui s’appellera Leo.
L’achèvement de la traduction entreprise correspond à la date prévue pour la naissance. Curieusement l’auteur qu’il traduit, le poète nord-américain William Carlos Williams, avait vécu exactement la même situation (lui traduisait du Lope de Vega vers l’anglais).
Accompagner la future naissance, du grain de raisin à l’accouchement, reprendre le texte d’un autre pour le faire sien, puis l’offrir au monde, est-ce tellement différent ?
Il paraît (tous les éditeurs le disent) que la nouvelle, le cuento hispano-américain ou espagnol, n’intéresse pas les Français. Quand on lit Halfon, Boy on ne peut que le regretter (si la chose est bien vraie). Passer à côté d’un tel bijou n’est pas tolérable !
Christian ROINAT
Halfon, Boy d’Eduardo Halfon, traduit de l’espagnol (Guatemala) par David Fauquemberg, éd. La Table Ronde, 48 p., 4,50 €. Eduardo Halfon en français : Saturne, éd. Verdier / La pirouette / Monastère / Le boxeur polonais / Signor Hoffmen / Deuils, éd. La Table Ronde.