Plus de 200 000 personnes se sont rendues dans les salles lyonnaises lors de l’édition 2019 du festival Lumière entre le 12 et le 20 octobre.
Pour ce dixième anniversaire, à côté des rétrospectives (le cinéaste André Cayatte, le cinéma américain des années trente avant le code de censure, la cinéaste italienne Lina Wertmuller…), des hommages étaient rendus à des personnalités, cinéastes comme Marco Bellochio dont on peut voir actuellement son film magnifique Le traitre, Ken Loach, la Palme d’or cannoise Bong Joan-ho, ou des acteurs comme Frances McDormand, Daniel Auteuil, Donald Sutherland. En ce qui concerne l’Amérique latine, Gael García Bernal était invité pour parler de ses films comme acteur et présenter sa seconde réalisation Chicuarotes.
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Né et élevé à Guadalajara, Gael García Bernal a commencé sa carrière d’acteur dans les telenovelas mexicaines avant de jouer dans le film « Amores Perros » pour Alejandro González Iñárritu en 2000, nominé aux Oscars. Bernal a déclaré que jouer pour Alejandro González Iñárritu, et Alfonso Cuarón l’ont aidé à préparer à devenir réalisateur. Pour « Amores perros » les conditions de tournage étaient très difficiles car ils n’avaient de pellicule que pour une seule prise, et parfois en milieu de journée, il n’y en avait plus.
Pour « Y Tu Mamá También (2001) » de Cuarón c’est « l’une des meilleures expériences que j’ai jamais vécues ». C’est par le biais de Cuarón que Bernal a également commencé à envisager un rôle différent, cette fois derrière la caméra. « Bien sûr, j’ai toujours aimé le cinéma, mais je n’ai jamais pensé à diriger un film ». Il a ajouté : « Ce genre de camaraderie et cette fraternité c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Je veux que tous les films soient comme ça, dans cette dynamique. »
Bernal a fait ses débuts de réalisateur à l’âge de 24 ans avec «Deficit», mais il mettra plus de dix ans à tourner son deuxième long métrage, un temps qu’il passera à devenir père et à collaborer avec des artistes tels que Iñárritu, Cuarón, Pedro Almodóvar («Mauvaise éducation» dont il ne garde pas un très bon souvenir), Walter Salles (« Carnets de voyage » qui lui a fait découvrir le monde politique), Pablo Larraín (« Neruda » et « No »),Michel Gondry («La science des rêves») et Jim Jarmusch («Les limites du contrôle»). Il a approfondi sa compréhension de la relation entre les deux aspects du métier. « Les acteurs ressemblent à un groupe de Frankenstein qui sont mis ensemble », a-t-il déclaré. « C’est la responsabilité du réalisateur de nous faire ressembler à des génies ».
A propos de « Chicuarotes », présenté en première mondiale à Cannes (et qui n‘a pas pour l’instant de distributeur en France), il a expliqué que le film se déroule à San Gregorio Atlapulco, dans la banlieue de Mexico et raconte l’histoire de deux adolescents qui décident qu’une vie de crime est le seul moyen de sortir de la pauvreté qui les entoure.
« Je voulais vraiment savoir d’où venait la violence…D’autre part, je voulais voir ce qu’il en est de réaliser un film où le personnage principal n’a pas grandi avec amour. Parce que j’ai grandi dans le sens opposé. » Il a poursuivi : « Ceux qui portent le message d’espoir dans le film, ce sont les petites filles. Au cours de l’histoire, nous ne les avons pas écoutées du tout. »
Bernal a salué la renaissance actuelle du cinéma mexicain, qui a remporté les Oscars pour Iñárritu, Cuarón et Guillermo del Toro (« La forme de l’eau »). « Nous exerçons notre liberté comme nous ne l’avions jamais fait auparavant », a-t-il déclaré, contrastant avec les périodes passées de censure des artistes mexicains. « Nous avons une chance d’exercer vraiment notre liberté, et c’est finalement notre responsabilité avec les films que nous réalisons. » Il place vraiment son espoir dans l’avenir qui rompra avec les attaches au passé et avec la violence et la misère.
Alain LIATARD
Ainsi à 40 ans, Gael García Bernal a tourné dans une cinquantaine de films, en a produit une quinzaine et en a réalisé deux. Il été très applaudi en particulier par un groupe d’étudiants mexicains qui ont pu ainsi approcher leur idole.
Festival Lumière de Lyon : Site