Ce dimanche 27 octobre 2019 représente un tournant dans l’histoire politique colombienne. L’élection de la nouvelle maire de Bogotá, Claudia López, 49 ans, qui occupe désormais le deuxième poste politique le plus important du pays, a marqué le pays. Face à son opposant Carlos Fernando Galán, la candidate de centre-gauche a réussi à obtenir 35,21 % des votes des Colombiens. Cette victoire marque le début d’un mandat de quatre ans durant lequel la nouvelle maire dit vouloir « unir Bogotá ».
Photo : Alerta
Issue d’une famille de classe moyenne, la jeune femme se tourne dans un premier temps vers des études de médecine, pour ensuite se diriger vers la politique. Après une licence en Finances, Gouvernement et Relations Internationales, elle effectue un master en Administration Publique en Colombie à New-York puis un doctorat en Sciences Politiques à Chicago. Grâce à ses origines modestes, la candidate a réussi à s’identifier à la majorité de la population colombienne, alors que ses deux grands adversaires Carlos Fernando Galán et Miguel Uribe Turbay sont issus de grands familles politiques reconnues.
Claudia López commence à s’engager politiquement à partir de 1991, lors des mouvements étudiants de la « Séptima Papelera » contre les violences politiques et la corruption. Politologue, chercheuse sociale, journaliste et membre du Sénat depuis 2014 ; c’est en 2005 qu’elle se fait réellement connaître en politique alors qu’elle révèle au grand jour le scandale de la parapolitique en Colombie qui met en lumière les liens entre les hommes politiques, les narcotrafiquants et les paramilitaires. Elle se lance alors dans une lutte contre la corruption, les violences politiques et l’égalité, autant de combats qui lui permettront d’atteindre le poste de maire de la capitale 15 ans plus tard.
La coalition entre le Parti Vert et le Pôle Démocratique aura eu raison ce dimanche 27 octobre du candidat libéral Carlos Fernando Galán, mais c’est surtout la personnalité de Claudia López qui a su convaincre les Colombiens. Classée politiquement au centre-gauche, femme et lesbienne, la nouvelle maire introduit un véritable renouveau social qui tend à bousculer les codes d’un pays conservateur et majoritairement catholique. La jeune femme dit vouloir lutter contre l’homophobie et le machisme alors que les postes politiques en Colombie ne comptent que 15% de femmes. Elle revendique sans honte ses choix et ses convictions : « Je suis une femme. Je suis d’un parti de centre-gauche. Je suis lesbienne, et ça ne devrait pas être pertinent, mais en Colombie, ce n’est pas impertinent ».
Face à un pays traditionnellement gouverné par des hommes libéraux, conservateurs et bien souvent corrompus, Claudia López se présente comme une candidate « incorruptible » défendant l’éducation et l’égalité : « Ce qui ne fait aucun doute, c’est que changement et égalité sont inséparables », explique-t-elle.
Dans une ville de plus de 7 millions d’habitants marquée par le chômage, la surpopulation et les violences, Claudia López s’impose comme « une admirable adversaire », selon Carlos Fernando Galán, perdant des élections. Malgré sa position favorable au processus de paix, la nouvelle maire avait refusé une alliance avec le parti FARC en raison des violences commises par les ex-guérilleros. Cependant, si, malgré ce refus, les élections ont été décrites comme « les plus pacifiques de ces dernières années » par Juan Carlos Galindo, la campagne électorale a quant à elle été marquée par de nombreuses tragédies : sept assassinats et treize tentatives d’assassinats contre les candidats. Des chiffres qui révèlent l’ampleur des problèmes auxquels la nouvelle maire devra trouver des solutions le plus rapidement possible afin de répondre à sa promesse « d’unir Bogota ».
Camille LUNEAU