Le cinéaste de 90 ans Alejandro Jodorowsky revient avec un documentaire Psychomagie. Voulant aller plus loin que la psychanalyse qui ne remonte dans l’inconscient de l’enfance que par la parole, il veut, au moyen d’actes théâtraux et poétiques s’adressant directement à l’inconscient, permettre par cette thérapie la libération des blocages.
Photo : Allociné
Né à à Tocopilla au nord du Chili, fasciné par le film Les Enfants du Paradis, il décide de faire de la pantomime. Il vient en France en 1953 pour rencontrer André Breton et rentre dans la troupe du mime Marceau et met aussi en scène Maurice Chevalier. Il va au Mexique en 1965 et y fait du théâtre d’avant-garde. Avec Arrabal, dont il filme la pièce Fado Y Lis (1968), et Topor il crée le groupe Panique. Suivront El Topo au Chili en 1970, puis La montagne sacrée en 1973. N’arrivant plus à tourner après l’échec de Tusk et n’ayant pas touché une caméra depuis Le voleur d’arc-en-ciel en 1989, il se lance avec succès dans la B.D. en créant L’Incal avec Moebius et La caste des Méta–Barons avec Juan Gimenez. Il devient le maître du Tarot de Marseille, non pour annoncer l’avenir, mais analyser le présent. Cinéaste et artiste multidisciplinaire, il est convaincu que l’art n’a de sens profond que s’il guérit et libère les consciences.
Le film présente des cas, depuis le premier jusqu’à certains spectaculaires dans un stade devant cinq-mille personnes, avec des patients très différents, que ce soit en France – parfois en public dans la rue –, au Mexique, ou en Espagne, n’hésitant pas à soigner le suicide d’un proche par un vol en parachute… Puis les gens viennent parler du résultat. Comme il s’agit d’art les interventions sont gratuites, contrairement à la psychanalyse. Mais il ne saurait former de disciples puisqu’il s’agit d’art.
Au cours de son récit, il fait un retour sur chacun de ses films. Dans La Danse de la réalité (2013), c’est sur son enfance. Pour interpréter son père, il choisit son fils, et de nombreux autres membres de sa famille apparaissent dans le film, qui, comme toujours chez Jodorowsky, mêle ses souvenirs et ses rêves – souvent des cauchemars. Pour incarner sa mère, il choisit une chanteuse d’Opéra qui ne s’exprime que par des vocalises. Il n’hésite pas à faire appel à la magie et à l’ésotérisme. Ses films nous donnent parfois l’impression que nous sommes en train de voir certains films de Fellini.
Alain LIATARD
Psychomagie, un art pour guérir, documentaire d’Alejandro Jodorowsky (1 h 44). Sortie le 2 octobre. Vois aussi Allociné