Première partie des mémoires de Pablo Neruda publiées pour la première fois en 1974 et traduites en français l’année suivante, ce sont environ les 120 premières pages de ce livre mythique qui nous sont présentées en version bilingue.
Photo : IslaNegra
Celui qui s’appelle encore Ricardo Neftalí Reyes s’ouvre à la vie, à la nature dans le sud du Chili, région d’immenses forêts, de cris d’oiseaux et d’odeurs d’humus. La vie est calme dans cette famille modeste, l’enfant ressent une éternelle envie de découvrir qui ne le quittera jamais. Fort est le contraste avec l’étape suivante : à 16 ans, à Santiago, Ricardo est étudiant et poète famélique, terriblement «romantique» avec sa cape noire héritée de son père, avec le rejet répété par les auditeurs auxquels il propose ses vers. Mais il ne se décourage pas, et, au contraire, ses conquêtes féminines le motivent dans la conscience de lui-même. C’est aussi la période, non de la découverte, mais de la confirmation pour le poète, de l’évidence de la lutte politique.
On est très loin des Mémoires d’outre-tombe, Pablo Neruda raconte naturellement des épisodes de sa jeunesse, des rencontres, des ambiances, il ne s’agit pas de se faire valoir, mais de partager des petits ou des grands moments vécus dans un pays très original, pas seulement par sa géographie, mais avec une population et des conditions politiques très différentes de celles des états voisins.
Une étape à Buenos Aires, une autre à Lisbonne, une dernière à Madrid, et le voilà, à 23 ans dans le Montparnasse des artistes, encore des rencontres, des anecdotes. Ce n’est qu’une étape de plus, Paris est petit, comparé au monde. Ce sera l’Extrême-Orient, la Chine, le Japon, le terme du voyage de cette première partie.
Voilà une belle idée, d‘offrir la version bilingue et à un prix plus qu’abordable !
Christian ROINAT
J’avoue que j’ai vécu. Jeunesse de Pablo Neruda, traduit de l’espagnol (Chili) par Claude Couffon, éd. Gallimard, 256 p., 9 €.