Le film Yuli raconte la vie de Carlos Acosta, danseur étoile cubain reconnu dans le monde entier. Derrière la caméra, Icíar Bollaín, réalisatrice espagnole de renommée internationale, s’est plu à mettre en lumière la vie de cette figure de la danse classique à travers son enfance, ses débuts et sa vie actuelle pour laquelle il joue son propre rôle.
Photo : Allociné
Né en 1973 dans une famille pauvre de La Havane et cadet de 11 enfants, Carlos Acosta rencontre le monde de la danse grâce à son père qui l’inscrit contre son gré à l’École nationale du Ballet cubain pour l’éloigner de la rue et le canaliser. Hyperactif et indiscipliné, il gagne pourtant en 1990 la médaille d’or du Prix de Lausanne et sort diplômé en 1991, à l’âge de 17 ans, avec une mention et la médaille d’or de l’École. Il est considéré dans les années 1990 comme l’étoile montante du ballet cubain ; son talent et sa notoriété lui valent une place de premier danseur dans l’English National Ballet à l’âge de 18 ans. Il attire régulièrement les foules avec le Houston Ballet, l’American Ballet Theater ou, à Covent Garden, avec le Royal Ballet, dont il est le guest principal [étoile invitée] et le premier danseur noir depuis 1998.
Dernièrement, il a également été l’invité de l’Opéra-Bastille, à Paris, pour interpréter le rôle-titre du Don Quichote de Noureïev, généralement considéré comme le plus grand défi technique auquel puisse s’atteler un danseur classique. Il intègre également des rôles à l’American Ballet Theater, au New York City Center ou à l’Australian Ballet. Détenteur de nombreux titres honorifiques de la discipline, comme le Grand Prix de l’Union of Writers and Artists en 1991, le Prix Benois de la Danse en 2008 ou encore le Commandeur de l’ordre de l’Empire britannique en 2014, Carlos Acosta est toujours sur le devant de la scène aujourd’hui et se produit encore dans le monde entier.
Il s’est lancé en 2003 dans l’écriture d’une pièce chorégraphiée, Tocororo, un conte Cubain, mélange impertinent de rythme afro-cubain et de danse classique. Mais son talent ne s’arrête pas aux planches des prestigieux théâtres et opéras ni à l’écriture chorégraphique ; Acosta approche aussi la télé puis le cinéma. En 2004, il apparaît avec d’autres membres du Ballet national de Cuba dans le film de Cynthia Newport, Dance Cuba : Dreams of Flight. Natalie Portman le mettra également face à la caméra dans un des rôles principaux de son film, New York, I love You.
Aujourd’hui dans Yuli, il interprète son propre rôle. À l’âge de 31 ans, il commence à rédiger une autobiographie. L’histoire personnelle de Carlos Acosta lui permet d’avoir un point de vue unique sur la danse. «De nombreux artistes réalisent des choses surréalistes avec la danse, comme on le ferait avec un ordinateur. Ils ne font passer aucun message, ne vous font pas rêver, ne racontent pas d’histoire. Moi, c’est précisément ce que je veux faire. Je veux mettre la danse afro-cubaine, le hip-hop, la salsa sous les projecteurs, là où vous avez plutôt l’habitude de voir des classiques, et je veux que la qualité soit là, pour que ces danses soient acceptées. Nous vivons dans un monde de mélanges et je pense que nous devons faire en sorte que la danse classique devienne elle aussi un mélange.» Carlos Acosta, danseur, acteur, écrivain. Chez ce grand artiste, le film veut montrer des conflits et des doutes, pas seulement par des mots, mais aussi par des mouvements et des sensations.
Icíar Bollaín a débuté sa carrière dans le cinéma, en tant qu’actrice, dans le film de Victor Erice, El Sur (1983) à l’âge de 16 ans. Mais c’est sans aucun doute à partir de sa rencontre avec Ken Loach, lors de sa collaboration au film Land and Freedom / Tierra y Libertad, en tant qu’actrice et assistante du réalisateur qu’elle va donner une place prépondérante à la réalisation. Ken Loach et elle partagent la même volonté de donner la parole à ceux que l’on veut faire taire et de lutter contre l’injustice sociale à travers leur œuvre, de film en film. Elle est la compagne du scénariste de Ken Loach, Paul Laverty qui obtenu pour Yuli le prix du scénario à San Sebastián. Ensemble, on leur doit Ne dis rien en 2003, sur une femme battue, Même la pluie en 2010, sur le tournage d’un film en Bolivie et L’olivier en 2016.
Sortie en France prévue le 17 juillet.
Alain LIATARD
D’après Les Reflets de Villeurbanne
Yuli d’Icíar Bollaín, Biopic, Cuba, 1 h 50 – Voir la bande annonce