Après cinq mois de présidence, Jair Bolsonaro ne parvient toujours pas à tenir ses promesses. Pourtant élu avec plus de 55,13% des voix, l’économie peine à se relever et les étudiants grondent dans les rues du pays.
Photo : Fabio Rodrigues Pozzebom / Agência Brasil
La 7e puissance économique mondiale a placé à la tête du pays le 28 octobre 2018 Jair Bolsonaro du parti d’extrême droite brésilien. Un slogan, «Ensemble nous allons changer le destin du Brésil», veut œuvrer en faveur d’une politique engagée directement à contre-courant des avancées sociales lancées par ses prédécesseurs socialistes. Mais les beaux discours de l’ancien général se font déjà rattraper par un bilan mitigé après cinq mois d’exercice. Le taux de chômage concerne plus de 11% de la population active et l’inflation s’élève à 4,2%. Une situation à laquelle s’ajoute une dette colossale à la suite de l’organisation de la Coupe du monde de football et des Jeux olympiques ces dernières années. Le redressement économique peine à arriver alors que le premier trimestre 2019 enregistre un recul du PIB de 0,2 point. Jair Bolsonaro peine à reprendre le contrôle de son programme qui place pourtant l’économie au cœur de sa politique.
«Délulaliser», mais à quel prix ?
C’est alors dans un pays qui croule sous la pression économique que le nouveau gouvernement prévoit des coupes budgétaires conséquentes. Loin de toute forme de philanthropie, ces restrictions vont concerner majoritairement les tranches les plus fragiles de la population. Dans un premier temps, la réforme sur les retraites permettrait d’économiser plus de 230 milliards d’euros sur dix ans, à laquelle s’ajoute comme un coup de grâce l’amputation de plus de 1 milliard d’euros au milieu de l’éducation. Politique menée par un ministre de l’Éducation qui souhaite retirer les sciences humaines de tous les programmes scolaires. Il est donc clair que la volonté du gouvernement derrière ces actions est de «délulaliser» tous les secteurs, et cela même au risque d’entraîner les jeunes dans les rues et les cerveaux loin du pays.
L’Amazonie fait son entrée en Bourse
Toute cette vague de déséquilibre se produit dans une atmosphère de moins en moins oxygénée. Si Jair Bolsonaro ne conquit pas le cœur des Brésiliens, il tente tout de même le tout pour le tout avec les «poumons de la terre». La promesse faite aux investisseurs de continuer la déforestation de l’Amazonie fait miroiter de nouvelles sources de revenus. Ici il n’est plus question de réfléchir aux conséquences, mais bien, dans un premier temps, de trouver de quoi soumettre une solution potentielle au Brésil laissé à l’abandon.
Corentin RICHARD