Une belle proposition de films latino-américains au Festival de Cannes 2019

Alejandro Gonzáles Iñárritu, le réalisateur d’Amores perros (2000), Babel (2006) ou The Revenant (2015) devra choisir avec son jury les meilleurs films de la Sélection officielle du Festival de Cannes qui se déroulera du 14 au 25 mai 2019. La sélection regroupe plusieurs films et artistes latino-américains.  

Photo : Sem Sum Sangue  

Parmi les 21 sélectionnés, de nombreux anciens primés ou palmés sont au rendez-vous, notamment au moins quatre anciens vainqueurs que ce soit le Britannique  Ken Loach  (Palme en 2006 et 2016 – 14e participation), les Belges  Jean-Pierre et Luc Dardenne  (Palme en 1999 et 2005 – 8e participation), l’Américain Terrence Malick  (Palme d’Or en 2011 – 3e participation), et viennent de se rajouter le Français  Abdellatif Kechiche  (Palme d’Or en 2013) et l’Américain  Quentin Tarantino  (Palme d’Or en 1994). À ceux-là s’ajoutent l’Américain  Jim Jarmusch (8e participation), l’Espagnol  Pedro Almodóvar  (6e participation), les Français  Arnaud Desplechin  (6e participation), le Palestinien  Elia Suleiman  (3e participation) et le Canadien  Xavier Dolan  (3e participation), l’Italien Marco Bellocchio  (7e participation), le Sud-Coréen  Bong Joon-ho  (2e participation). 

Concernant la scène latino-américaine, le Brésilien Kleber Mendonça Filho a été sélectionné. Ici, ce sera sa seconde participation après le remarquable Aquarius passé récemment sur Arte. Cette fois, il a coréalisé son film avec Juliano Dornelles  dont ce sera le premier film en compétition. Bacurau, de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, raconte l’histoire d’un réalisateur de documentaire qui se rend dans un village situé à l’intérieur du Brésil et dans un futur proche afin de filmer les habitants. «Un film politique au souffle de western, un voyage à la découverte de vies quotidiennes inattendues» a annoncé Thierry Frémaux

Il y aura aussi en séances spéciales le documentaire de Juan Solanas, le fils de Pino Solanas, Que ce soit la loi, le second film de l’acteur Gaël Garcia Bernal, Chicuarotes, une histoire d’adolescents, et le dernier poème de Patricio Guzmán, La cordillera de los sueños. La section «Un certain regard», dont la cinéaste libanaise Nadine Labaki sera présidente du jury, propose un film brésilien d’un cinéaste passionnant Karim Aïnouz, Invisible life, à qui l’on devait en 2001 Madame Sata. 

Le cinéaste Ciro Guerra, l’heureux réalisateur colombien de Les oiseaux de passage, coréalisé avec Cristina Gallego, toujours sur les écrans, aura parmi les dix courts et les sept longs métrages de la compétition retenus à la Semaine de la Critique trois films latinos à visionner. 

En ouverture, le second film du cinéaste colombien Franco Lolli, Litigante, révélé en 2014 avec Gente de Bien. Dans Litigante, Franco Lolli dresse le portrait d’une femme qui doit faire face à des situations complexes et urgentes. À Bogotá, Silvia, mère célibataire et avocate, est mise en cause dans un scandale de corruption. À ses difficultés professionnelles s’ajoute une angoisse plus profonde. Leticia, sa mère, est gravement malade. Tandis qu’elle doit se confronter à son inéluctable disparition, Silvia se lance dans une histoire d’amour, la première depuis des années. 

Nuestras Madres, premier film du Guatémaltèque César Díaz, s’attache à un épisode tragique de son pays, les disparus de la dictature militaire. Il le raconte à travers Ernesto, jeune anthropologue à la Fondation médico-légale qui travaille à l’identification des disparus. Un jour, à travers le récit d’une vieille femme, Ernesto croit déceler une piste qui lui permettra de retrouver la trace de son père. 

Découverte à la Semaine de la Critique en 2017 avec son court métrage Selva, la réalisatrice costaricienne Sofía Quirós Ubeda revient avec son premier film Ceniza Negra. Selva, 13 ans, élevée à la campagne par ses grands-parents, découvre qu’en mourant on ne fait que changer de peau. On peut se transformer en loup, en chèvre, en ombre, en tout ce que l’imagination permet. De cette dualité naît la puissance du film, son authenticité. Avec la perte de l’innocence vient la conscience du corps, de sa sensualité. 

À l’ACID, la programmation des cinéastes indépendants, un focus sera consacré à trois films argentins, loin de Buenos Aires. Il s’agit de Las Vegas de Juan Villegas, les retrouvailles de Martin et Laura au bord de la mer ; de Brève histoire de la planète verte de Santiago Loza : Tania, Pedro et Daniela sont des marginaux à qui il leur incombe de ramener un Alien sur sa planète ; et de Sangre blanca de Barbara Sarasola-Day : Martina et Manuel traversent la frontière de Bolivie vers l’Argentine en tant que «mules» quand Manuel meurt, Martina va devoir demander de l’aide à son père qu’elle n’a jamais rencontré. 

La Quinzaine des Réalisateurs, sélection non compétitive, présentera trois films latinos parmi les 24 sélectionnés. Il s’agit du film péruvien Canción sin nombre de Melina Léon, du film argentin Por el dinero d’Alejandro Moguillanski, et du film brésilien Sem seu sangre d’Alice Furtado. Ce sont donc onze films latinos qui seront présentés sur la Croisette. Une belle moisson. Tout commencera le mardi 14 mai au soir avec la projection du film de Jim Jarmusch, The dead don’t die. Nous reviendrons sur ces films au fur et à mesure de leur passage.  

Alain LIATARD