Le rassemblement annuel pour les droits des indigènes au Brésil, le Camp de la terre libre, a eu lieu la semaine du 22 avril. Il était particulièrement important, à la suite d’une série de déclarations du président Bolsonaro dans lesquelles il attaquait les droits des indigènes. Quant à l’ex-président brésilien Lula da Silva, il lui a été accordé sa première interview depuis son emprisonnement en avril 2018.
Photo : Jean-Claude Gerez
Chaque année des milliers d’indigènes s’installent en plein cœur de Brasilia dans le cadre du Camp de la terre libre (Acampamento Terra Livre). Le rassemblement, qui se tient depuis 2004, est un espace de débat où les communautés indigènes discutent et dénoncent les problèmes qui les touchent. Cette année, le thème était «Sang indigène : dans les veines la lutte pour terre et territoire». La cérémonie d’ouverture consistait en des danses et chants des différentes ethnies de tout le pays. Une fois achevée, les 4000 présents ont participé à un défilé jusqu’au Tribunal suprême fédéral, la Cour constitutionnelle brésilienne.
Avec ce rassemblement, les leaders indigènes cherchent à empêcher que le Congrès brésilien accorde le décret 870/19 signé par Jair Bolsonaro dès son arrivée au pouvoir. Ce décret a retiré à la Fondation nationale de l’Indien (Funai) ses attributions en matière de démarcation des terres. Ces tâches seraient maintenant sous le pouvoir du ministère de l’Agriculture qui favorise les activités minières et l’industrie de l’agriculture et de l’élevage. «La Funai est en train de s’effondrer» partage le cacique Bruno Guajajara. Les leaders indigènes ont rencontré le président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia, ainsi que le président du sénat Davi Alcolumbre, pour leur demander de ne pas ratifier le décret. Ces rencontres ont été qualifiées de «rencontres d’Indiens» par le président, une qualification plutôt péjorative en portugais. Durant ces derniers jours, Bolsonaro a aussi insisté sur sa volonté d’exploiter commercialement l’Amazonie.
La figure de l’extrême droite, Jair Bolsonaro, actuellement président, se voit fortement critiquée par l’opposition, notamment par l’ancien président
Luiz Inácio Lula da Silva. Lors de sa première interview depuis son incarcération en 2018, il a fortement critiqué le nouveau gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro qu’il estime dirigé par une «bande de fous» et de «laquais des États-Unis». Au cours des deux heures d’interview, Lula a regretté ce qu’il considère comme la chute du Brésil. Chute selon lui due aux opinions controversées de Bolsonaro, écartant la puissance émergente de la communauté internationale.
Bolsonaro a répliqué face aux déclarations de Lula en évoquant des rumeurs passées sur sa tendance à boire : «Au moins le pays n’est pas dirigé par une bande d’ivrognes.» Bolsonaro a aussi contesté la décision de la Cour suprême de laisser deux médias espagnols interviewer Lula en prison. «Dans un premier temps, je pense que Lula ne devrait pas être en train de donner des interviews. C’est une erreur que la justice ait accordé le droit de donner des interviews. Un prisonnier doit achever sa peine.»
Enfin, la Cour de justice brésilienne a décidé de réduire de 26% la sentence de l’ancien président Lula. Sa peine, qui originellement était de 12 ans et 1 mois, est maintenant de 8 ans 10 mois et 20 jours. Cela sous-entend la possibilité qu’à partir de septembre la peine de Lula devienne une peine de résidence surveillée.
D’après France 24
Traduit par Monica Giordanelli