Ce mardi 23 avril, le Sénat mexicain a approuvé, à l’unanimité, l’avis des commissions législatives qui réforment les lois fédérales du travail et de la Sécurité sociale, avec l’objectif de réguler le travail domestique rémunéré, ainsi que de reconnaître et de garantir les droits des personnes qui se consacrent à ce travail.
Photo : Cuartoscuro Isaac Esquivel
Entre autres choses, la réforme, approuvée à 112 votes, établit que les personnes employées de maison ont droit aux vacances, à des primes de vacances, à des jours de congés payés, un accès obligatoire à la Sécurité sociale, une prime de Noël, et toute autre prestation qui pourrait être conclue entre les parties ; la Commission nationale des salaires minimum fixera les salaires qui devront être payés à ces employées et employés, qui ne pourront en aucun cas être inférieurs à deux salaires minimums actuels.
Pendant la discussion sur le projet de loi, des sénatrices de différents groupes parlementaires ont mis l’accent sur plusieurs aspects de la réforme. «Pour elles, de longues journées de travail, avec tous types de tâches, dont quelques-unes très ingrates et abusives […] et, en retour, elles reçoivent les salaires les plus bas», a déclaré la sénatrice Bertha Xóchitl Gálvez Ruiz. Martha Lucía Micher Camarena, du parti présidentiel Morena, a exposé les inégalités dont souffrent les femmes dans le domaine du travail domestique par rapport aux hommes.
La sénatrice a expliqué que trois hommes employés de maison sur dix gagnent deux salaires minimum ou moins, alors que la proportion augmente à quatre sur dix dans le cas des femmes. De plus, 83,2% des hommes dédiés au travail domestique rémunéré ne disposent pas d’accès aux services de soin, alors que le pourcentage des femmes dans cette situation augmente à 98%.
«Un des grands problèmes auquel nous sommes confrontés dans la valorisation sociale du travail, est les stéréotypes et les préjugés existant liés à ces activités, qui sont considérées comme presque naturelles. Non, chèr·e·s collègues, nous les femmes, nous ne sommes pas nées avec le plaisir de laver et repasser, ou de changer la couche d’un bébé à trois heures du matin quand nous n’avons pas du tout dormi. Rien n’est naturel, ce n’est pas inhérent aux femmes, c’est un sujet qui a à voir avec le patriarcat, avec cette culture machiste et avec une culture qui a donné un privilège aux hommes et les a caractérisés comme des gens qui ne peuvent ni laver ni repasser», a-t-elle affirmé.
Elvia Marcela Mora Arellano, du parti Encuentro Social, a rappelé le texte écrit par Rosario Castellanos en 1970 pour le journal Excélsior dans un article intitulé «Casandra de sandales : la libération de la femme, ici» : «quand la dernière bonne disparaîtra sur le petit matelas où repose maintenant notre conformité, la première rebelle furieuse apparaîtra. »
Elle a ajouté que «le Mexique commence à peine à payer la dette qu’il a envers des générations et des générations de femmes, dont beaucoup sont pauvres et qui, sans disposer d’autres alternatives, ont opté pour ce travail, à ce qu’on en a romancé en l’investissant comme une relation quasi filiale et familiale pour nier les droits du travail». «L’infantilisation que les patrons encouragent pour ne pas reconnaître que nous sommes en train de parler de personnes employées, cela arrive à sa fin, ou nous espérons que cela finira, avec cet avis», a-t-elle conclu.
La sénatrice du Movimiento Ciudadano Patricia Mercado a reconnu les différents faits qui se sont conjugués pour une approbation unanime de la proposition. Elle a reconnu la décision de la Cour suprême de justice de la nation qui a déclaré inconstitutionnel le fait que les employées de maison ne soient pas inscrites à l’Institut mexicain de la Sécurité sociale, comme la majorité parlementaire du parti Morena, qui a une vision syndicaliste et cherche la reconnaissance de la dignité des travailleuses et travailleurs.
Pendant son exposé, Patricia Mercado s’est émue en rappelant que le jour précédent, la sénatrice du parti PAN Xóchitl Gálvez lui a dit avoir travaillé avec force pour cette initiative parce que sa mère s’était dédiée à laver des vêtements. «J’ai été très touchée que tu me le dises et j’ai compris ton engagement», a-t-elle déclaré, s’adressant à Gálvez.
La sénatrice du PAN, de son côté, a dédié l’approbation de l’initiative aux employées de maison : «Pour elles, parce qu’elles sont principalement des femmes, de longues journées de travail, avec tous types de tâches, dont certaines très ingrates et abusives ; des responsabilités dans l’éducation et le soin des enfants et des personnes malades ; parfois mangeant les restes du repas principal. En retour, elles ont reçu des salaires plus bas que le minimum, elles ne disposaient pas de prestations sociales, et leur situation d’exploitation silencieuse prend une nuance encore plus grave car elle se passe dans l’intimité du domicile de ses employeurs. Cette tyrannie devait arriver et va arriver à sa fin.»
D’après Aristegui Noticias
Traduit par Cécile Spanu