La crise au Venezuela ne cesse de s’aggraver. Au-delà d’une crise générale des services, le pays connaît une coupure électrique générale d’électricité depuis le mois de mars. D’une part, Nicolás Maduro essaie de remédier à la situation et, de l’autre, Juan Guaidó fait appel à une manifestation contre son opposant le 1er mai.
Photo : Carlos Garcia
D’un côté, Juan Guaidó, avec l’opposition vénézuélienne, tente de mettre en oeuvre L’Operación Libertad, une opération avec laquelle ils désirent expulser Nicolás Maduro du palais de Miraflores. De l’autre côté, Maduro tente de ramener le pays à la normalité, en restaurant le service électrique dans l’ensemble des régions. Voici une nécessité après une nouvelle coupure électrique générale, le mardi 9 avril dernier. Son gouvernement tente de remédier à la crise énergétique qui secoue fortement la nation depuis le mois de mars. Maduro a nommé un nouveau ministre de l’Énergie électrique, Igor José Gavidia León, ingénieur électrique. Ensemble, ils ont mis en place un Plan de Recuperación del Sistema Eléctrico Nacional qui pourrait prendre au moins un an. En outre, Maduro a annoncé le samedi 13 avril dernier, que lundi, mardi et mercredi prochain seront des jours non ouvrables en raison des vacances de Pâques. Cela serait aussi une mesure pour accélérer le processus de récupération de l’énergie électrique dans le pays.
Il semblerait que la stratégie de Guaidó est plus efficace à l’extérieur du pays qu’à l’intérieur. Désormais le fait qu’il compte avec la quasi-totalité du support de la population. À chaque rassemblement politique qu’il assiste, des centaines de milliers de personnes s’y rendent pour montrer leur support au président par intérim. Cela a été le cas le samedi dernier lors de sa tournée dans la région orientale du pays, l’une des zones les plus affectées par Los Apagones (coupures d’énergie électrique). L’avenue principale de Maracaibo (la deuxième ville la plus grande du Venezuela), était débordée de personnes et le président par intérim a affirmé que ««la lumière est venue pour ne plus jamais partir».
En février, Maduro et son régime ont qualifié l’aide humanitaire de «farce» et ont assuré que le Venezuela n’est pas un «pays de mendiants». Le peuple vénézuélien ne subit pas que la crise énergétique, mais une crise des services en général. Dans la capitale, les personnes font recours aux eaux des égouts pour combler leurs nécessités hydriques. C’est un fait qui ne peut pas être dissimulé. Le mercredi 10 avril, Maduro a annoncé un accord avec la Croix-Rouge pour affronter la crise humanitaire. Après 24 ans qu’un président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne visitait pas le Venezuela, Peter Maurer s’est réuni avec Maduro ainsi qu’avec divers membres de son gouvernement, dont le ministre de la Santé Carlos Alvarado González et le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza. 28 hôpitaux et 8 centres de santé recevront des produits et matériels médicaux et l’organisme a augmenté le budget d’activité au Venezuela de 8.9 à 24.4 millions de dollars. La première cargaison d’aide humanitaire est arrivée au pays le mardi 16 avril. Cette première phase de l’opération conclue entre l’organisme international et le gouvernement vénézuélien vise à aider 650 000 personnes. L’aide se compose d’une variété de produits, de médicaments à des générateurs électriques. D’après Francesco Rocca, l’opération ressemblera à celle qui est menée à l’heure actuelle en Syrie. Maduro comme Guaidó s’attribuent cette réussite, sauf que l’un d’entre eux,nie l’existence de la crise humanitaire et attribue la crise économique à des sanctions étrangères et à une «guerre économique».
Dans ce qui concerne la sphère internationale, le cabinet de Juan Guaidó commence à s’imposer. En effet, le 9 avril, le gouvernement du président d’iintérim a désigné comme ambassadeur officiel aux États-Unis, Carlos Vecchio. Peu de temps après, le président américain Donald Trump a accrédité ce dernier. Le nouvel ambassadeur a exprimé dans une vidéo postée sur son compte twitter son remerciement auprès de Juan Guaidó, mais aussi de Donald Trump. Il a aussi partagé le document officiel de la Maison-Blanche sur lequel on peut lire que Trump a affirmé que «Vous (Vecchio) êtes le premier ambassadeur vénézuélien aux États-Unis depuis 8 ans et votre désignation a eu lieu un moment historique. Le président Juan Guaidó a commencé avec courage le processus pour restaurer la démocratie et la liberté pour les Vénézuéliens…» Pendant cette même semaine, les États-Unis ont aussi envoyé un message fort lors de la réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU pendant les discussions sur la situation au Venezuela. Le Vice président américain Mike Pence a réclamé que Juan Guaidó soit reconnu comme le président légitime du Venezuela. De plus, il s’est adressé directement au représentant de Nicolás Maduro Moros, Samuel Moncada, qui était présent lors de la réunion du Conseil. «Avec tout le respect que je vous dois, vous ne devriez pas être ici. Vous devriez rentrer à Caracas et dire à Nicolás Maduro que son heure est comptée».
En outre, le général Hugo Carvajal, chargé du service de renseignements du gouvernement de Hugo Chavez et homme de confiance de ce dernier, a été arrêté en Espagne et sera extradé aux USA. D’après les USA, Carvajal a des liens étroits avecle Cartel De Los Soles et avec la guérilla colombienne (FARC) et pour cette raison il a été inclus dans la liste Clinton en 2008 (Specially Designated Narcotics Traffickers , SDNT, list). En 2014, il avait été arrêté dans l’île d’Aruba (Antilles hollandaises aux aux caraïbes) et d’où il allait être extradé aux USA. Il a finalement été libéré après une forte pression du gouvernement vénézuélien. Il a ensuite été reçu avec des honneurs par le président Maduro et Diosdado Cabello l’a qualifié de «patriote». Hugo Carvajal est député de l’Assemblée nationale depuis 2016, en février 2019, il a publié une vidéo dans laquelle il critiquait fortement le régime dictatorial de Maduro et reconnaissait la légitimité du Président Guaidó. Dans plusieurs répliques, il a affirmé qu’il possède beaucoup d’informations et documents concernant les dirigeants du PSUV et ses fortunes qui sont éparpillées dans tout le monde, celles de Maduro et Cabello incluses. Il existe une énorme incertitude par rapport à sa détention, mais il est certain qu’il collaborera avec le gouvernement de Donald Trump et il fournira des informations fiables par rapport à la corruption du régime chaviste.
Lors de la réunion d’été du FMI tenue du 12 au 14 avril à Washington, Christine Lagarde a souligné qu’il n’y a pas eu de consensus pour reconnaître Guaidó et son nouveau gouvernement, car c’est à chaque État membre de le reconnaître diplomatiquement. En revanche, la situation économique du Venezuela a été au centre du débat et le FMI estime que le PIB vénézuélien se contractera de 25% et l’inflation atteindra un taux de 10 000 000% en 2019. Lagarde a déclaré que le Venezuela aura besoin «d’une aide grandiose» pour surmonter sa situation financière précaire. En revanche, Steve Mnuchin, secrétaire du trésor des États-Unis a impulsé la création d’un fonds de financement commercial qui s’élève à 10 milliards de dollars. Le fonds sera créé par divers pays latino-américains, européens et le gouvernement japonais.
Le gouvernement américain est l’un des gouvernements à mettre en place de solutions et d’actions tangibles par rapport à la situation au Venezuela. L’ONU et les institutions internationales démontrent au fils du temps, leur incapacité à résoudre la crise vénézuélienne. Le peuple urge à Guaidó et à son gouvernement ainsi qu’à la communauté internationale de trouver une solution rapide à la crise. Mais, il ne peut pas se précipiter, il doit calculer chaque mouvement puisqu’en contrepartie il y a Maduro, qui compte avec le conseil d’experts, notamment cubains, Russes et chinois, qui ont une vaste expérience sur ce type de situation.
Guaidó, lors d’un cabillot ouvert, vendredi 19 avril à la place Simón Bolivar de Chacao à Caracas, a convoqué une « megamarcha »(une énorme manifestation) le prochain 1er mai, qui sera la plus grande jamais vue au Venezuela. La finalité de cette dernière serait de parvenir à la cessation définitive de l’usurpation du pouvoir. Elle s’inscrit dans l’Opération Libertad. Le président du parlement a affirmé que « notre pays est né lors d’un cabillot et dans un cabillot a commencé notre lutte pour instaurer à nouveau l’ordre démocratique au Venezuela, attaché toujours à notre constitution » Il a ajouté que lorsqu’on dit « Que vamos bien! » c’est parce qu’on y va tous ensemble et parce que le pays poursuit ses efforts.
Gilberto ANDRES OLIVARES