Fraîcheur littéraire et féminine pour la 7e édition du festival Bellas Francesas

Depuis le 22 avril, à l’occasion du festival Bellas Francesas, le Pérou accueille deux artistes féminines, Catherine Meurisse et Nina Yargekov. Le 26 avril, c’est le Chili qui prendra le relais pour continuer cette septième édition. Catherine Meurisse est une scénariste et dessinatrice de l’équipe Charlie Hebdo depuis 2005. Quant à Nina Yargekov, c’est une écrivaine et traductrice française, deux fois lauréate du programme «Mission Stendhal». 

Photo : J. Andre.

Durant ces sept dernières éditions, Bellas Francesas a eu la chance de coopérer avec des partenaires généreux. Les Instituts français, Alliances françaises et institutions culturelles locales ont permis de développer la dynamique du festival. Cela a contribué à la qualité des programmations. Lancé en avril 2013 en Amérique latine, le festival voit défiler une vingtaine d’écrivains français. Ceux-ci sont souvent connus grâce à des prix littéraires de notoriété internationale, comme le Prix Goncourt. Pour d’autres auteurs plus jeunes, connus en France, le festival est un moyen de les faire découvrir en Amérique latine. 

Le programme de cette année

Au Pérou, le lundi 22 avril, les deux femmes sont intervenues dans le lycée franco-péruvien sur le thème de la «La Construction du personnage». Elles ont ensuite enchaîné leur journée avec une table ronde à la salle de cinéma de l’Alliance française de Lima. Le lendemain, Catherine Meurisse a tenu l’atelier «Feria del Independiente» au ministère de la Culture de Lima. Un peu plus tard, la scénariste a lancé le «Concurso Nacional de Novela Gráfica». En parallèle, Nina Yargekov a échangé avec un groupe d’étudiants à l’Alliance française de La Molina de Lima. Le dernier jour du festival au Pérou, les deux femmes ont donné des conférences. Catherine Meurisse s’est rendu à Cusco, et Nina Yarkov à Trujillo.

Le festival se poursuivra jusqu’au 30 avril au Chili. Vendredi 26 avril, Catherine Meurisse se rendra à Santiago pour intervenir auprès d’étudiants en art et illustration afin d’échanger avec eux. Le soir, l’Institut du Chili de Providencia organisera la rencontre littéraire «Le récit autobiographique». La présence des deux artistes rythmera la soirée qui se poursuivra à la Libraire le Comptoir pour une séance de dédicaces. Le lendemain, la dessinatrice rencontrera une dizaine d’illustrateurs chiliens. Alors que Nina Yargekov interviendra dans le cadre du cours «Les genres du Moi» à l’Université Alberto Hurtado. Enfin, la dernière journée permettra à Catherine Meurisse de partager sa passion avec des étudiants en art et illustration de l’Université de Valparaíso à Viña del Mar.

Nina Yargekov, une artiste multi-profession

Nina Yargekov est une écrivaine franco-hongroise de 38 ans. Son doctorat en sociologie juridique lui a permis, par le passé, d’être enseignante d’université. Aujourd’hui, elle travaille comme traductrice-interprète judiciaire. Son premier livre, Tuer Catherine, est publié en 2009. Ce roman, proche de l’autofiction, lui donne vite de la visibilité. Deux ans plus tard, elle livre un nouveau roman : Vous serez mes témoins. L’année d’après, la création du Centre national du livre reconnaît son talent et décide de lui offrir une bourse. En 2016, son œuvre Double nationalité remporte le prix de Flore. Sa dernière publication paraît en 2018 dans La Nouvelle Revue française sous le nom de La petite fille obéissante

Catherine Meurisse, une femme aux revendications 

Catherine Meurisse est une dessinatrice et scénariste née en 1980. Elle consacre d’abord ses études aux lettres modernes puis rentre à l’École supérieure des arts décoratifs de Paris. En 2005, elle rejoint l’équipe de Charlie Hebdo pour transmettre ses idées à travers ses illustrations. C’est à cette époque que les lecteurs commencent à découvrir l’artiste à travers des journaux, magazines et livres pour la jeunesse. Dans les bandes dessinées qu’elle écrit, ses revendications féministes apparaissent. Celles-ci peuvent être retrouvées dans Savoir-vivre ou mourir, Drôles de femmes ou Scènes de la vie. D’autres de ses albums comme Mes hommes de lettres, Le Pont des arts ou Moderne Olympia se caractérisent davantage par le dialogue entre les arts. La Légèreté est un album qu’elle publie en 2016, dans lequel elle raconte sa «quête de beauté après l’attentat contre Charlie Hebdo», mais aussi ses adieux pour le dessin politique. Les Grands espaces, sa dernière bande dessinée, rend hommage aux œuvres littéraires, picturales ou végétales qui l’ont inspirée. Aujourd’hui, Catherine Meurisse continue de transmettre son art illustré dans la presse et l’édition.

Photo : J. Andre. Premiers échos de Bellas Francesas au Pérou. De gauche à droite, Nicolas Mezzalira (Directeur de l’Alliance française de Lima), Catherine Meurisse, Nina Yargekov, Antoine Grassin (ambassadeur de France au Pérou) et Patrick Bosdure (Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle).

Désormais, tous les auteurs sont traduits en espagnol, ce qui permet d’élargir l’audience des lecteurs latino-américains. Mais une telle volonté ne peut se construire seule. Alors, pour renouveler des partenariats durables, le Centre national du livre se voit apporter une grande aide financière au festival. Sur la durée, le festival pourra de nouveau prospérer chaque année, s’il parvient à diversifier les auteurs invités, mais aussi les institutions culturelles impliquées. Finalement, par le biais des Bellas Francesas, les Nouveaux Espaces latinos participent comme acteur et médiateur à des coopérations de part et d’autre de l’Amérique latine.

Eulalie PERNELET