1991 : la Guerre froide est terminée, l’URSS s’écroule. Sergei, un cosmonaute russe reste coincé dans l’espace, oublié par les Soviétiques qui ont bien d’autres soucis sur Terre… À Cuba, à l’aide d’un radioamateur, Sergio entre en contact par hasard avec Sergei et va tout mettre en œuvre pour le ramener sur terre. Mais Sergio est sur écoute et espionné…
Photo : Sergio & Sergei
Pour son troisième film après le succès de Chala, une enfance cubaine en 2015, film qui s’intéressait au problème de l’éducation abordé à travers le regard d’un enfant, Ernesto Daranas met en scène cette fois trois conceptions du monde en cette période «spéciale» qui voit s’écrouler l’URSS et réactiver le blocus états-unien. Voici la note d’intention du réalisateur Ernesto Daranas: «Bien que l’histoire se déroule pendant des circonstances dramatiques, Sergio & Sergei est une satire racontée avec nostalgie, probablement parce que ce furent pour moi des années heureuses. Mes enfants sont nés au ‘bon’ moment. L’argent que je gagnais en écrivant des centaines de pièces de théâtre par mois pour des shows radiophoniques n’était pas suffisant pour faire vivre ma famille grandissante. Il m’a fallu plusieurs échecs pour accepter de compléter les revenus de mes écrits par une distillerie clandestine installée sous mon propre toit. Sergio est donc un homme que je connais très bien ; quelqu’un qui va devoir affronter, d’un seul coup, le fait que son diplôme en philosophie marxiste (obtenu à Moscou) ne l’aidera pas à faire vivre son enfant. Sergio devra faire presque tout ce que j’ai été forcé de faire pendant ces années de privations. J’ai voulu raconter cette histoire telle que je l’ai vécue (ou telle que je m’en souviens ?), en montrant la manière précaire, folle et anonyme qui nous a permis de survivre aux moments les plus difficiles de notre histoire récente…»
«Sergio & Sergei est une comédie absurde, un hasard improbable qui a lié les vies de deux hommes naufragés à la fin de la Guerre froide. Alors que le cinéma est si technologique avec une pléthore d’effets spéciaux hyperréalistes, j’ai souhaité une approche différente. Le cosmos qui m’intéresse est plus humain que numérique. Il n’y avait rien de glamour sur Mir ; il n’y avait rien de glamour non plus dans nos vies, marquées par l’intolérance, le dogmatisme et la pauvreté. Alors comment est-ce possible que je trouve toujours autant de beauté dans le monde autour de moi ? Pourquoi n’ai-je pas perdu l’espoir que nous réussirons à redécouvrir ce que nous sommes vraiment en tant que nation et peuple ? Ce sont les questions auxquelles je voulais répondre dans ce film.»
Tomás Cao (Sergio) débute au cinéma en 2005 dans Habana Blues de Benito Zambrano, film dans lequel il interprète des numéros de comédie musicale. Il travaille depuis sur de nombreux films. Héctor Noas (Sergei) est l’un des acteurs de cinéma et de télévision les plus importants de Cuba. Il a travaillé dans plus d’une centaine d’œuvres, aussi bien à Cuba qu’à l’étranger, et il s’est essayé à presque tous les genres, depuis le théâtre au cinéma en passant par la télévision. Pour la France, il a notamment tourné dans la série TV de Jean Sagols, Terre Indigo. Aucun des deux ne parlait russe ! Ils s’étaient déjà retrouvés ensemble dans Chala.
Quant à l’Américain Ron Perlman, qui est aussi le coproducteur du film, on le connaît par ses rôles dans les films de Benicio del Toro en particulier dans la série Hellboy, mais il avait commencé sa carrière dans les films de Jean-Jacques Annaud. La mère de Sergio, interprétée par Ana Gloria Buduén, a aussi un rôle important car c’est elle qui s’occupe de trouver de la nourriture.
Bien entendu, les effets spéciaux du film sont simples, mais bien faits. Enfin, le film a obtenu le prix du public l’an passé au festival Cinélatino de Toulouse. Sur les écrans le 27 mars.
Alain LIATARD
Sergio & Sergei d’Ernesto Daranas, Comédie, Cuba, 1 h 33 – Voir la bande annonce