Sous le nouveau gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador, Paco Ignacio Taibo II, historien, écrivain et responsable de la maison d’édition nationale Fondo de Cultura Económica (FCE, Fonds pour la culture économique), met en place, aux côtés d’autres acteurs nationaux, un programme visant à favoriser l’accès aux livres et à la lecture pour les Mexicains.
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«À Juárez (Chihuahua), un ami me dit une fois : « À chaque fois que je convaincs un adolescent de jouer de la guitare classique, je vole un tueur au narcotrafic », et c’est la même chose avec un livre. La civilisation combat la barbarie.» C’est ainsi que le nouveau responsable du Fonds pour la culture économique du Mexique, l’écrivain Paco Ignacio Taibo II, aux côtés de diverses autres institutions et du président Andrés Manuel López Obrador, a présenté récemment au pays la Stratégie nationale de lecture, impulsée par le gouvernement.
En tout, vingt-quatre institutions mexicaines participent à ce programme, qui comporte trois axes essentiels. Premièrement, l’éducation : créer une habitude de lecture dès l’enfance et l’adolescence, repenser les fonctionnements des bibliothèques, les rendre plus démocratiques, entre autres. Deuxièmement, le côté socio-culturel : rendre les livres plus accessibles par leur prix, et attractifs, dans le sens d’éliminer la distance entre l’œuvre et le lecteur. Et troisièmement : la tenue de campagnes médiatiques visant à promouvoir la lecture, toujours dans le but qu’elle devienne une habitude.
L’une des mesures les plus emblématiques de ce programme : baisser le prix des livres pour les rendre accessibles à tous les Mexicains. Ainsi 357 000 exemplaires à 8 pesos mexicains (environ 40 centimes d’euros) ainsi que 50 000 ouvrages (représentant une cinquantaine de titres) à 49,50 pesos (environ 2 euros) ont été distribués dans des librairies de tout le pays. Certaines des librairies ayant déjà été dévalisées, Taibo a annoncé qu’un réapprovisionnement était en cours.
C’est ainsi que les livres en dormance dans les entrepôts de stockage, jugés auparavant impropres à la vente, seront remis en circulation, à bas prix. «Nous ne détruirons jamais un livre, même pas le plus abominable», a déclaré l’historien.
Si une partie du programme prévoit la baisse des prix, une autre a pour ambition d’apporter la lecture «jusqu’aux ranchs les plus reculés». Dans cette optique, des Librobus, gérés par Educal, ont parcouru diverses zones du pays, apportant des livres vendus jusqu’à 10% de leur prix original dans des campagnes et des villes reculées.
L’un des points les plus importants de ce programme national reste l’objectif d’éducation et de redonner le goût de la lecture aux Mexicains. Pour cela, Paco Ignacio Taibo II a annoncé vouloir travailler avec les Écoles normales qui forment la plupart des professeurs au Mexique. «On doit réussir à ce que le futur professeur soit une personne qui dise : « lire, c’est amusant, lire, c’est passionnant, lire… » et qui le transmette à ses futurs élèves», a déclaré l’historien.
«La lecture a été l’un des mécanismes par l’intermédiaire duquel l’humanité communique ses connaissances, ses doutes, ses incertitudes», ainsi qu’il est écrit sur le site internet du Fonds de culture économique. Le Mexique est classé 107e sur 108 pays par l’indice de lecture de l’Unesco. Avec ce programme, le nouveau gouvernement s’inscrit dans une volonté de changement et de développement de la lecture et de la culture au niveau national.
Cécile SPANU