Le poète chilien Raúl Zurita élabore depuis les années 1970 un riche projet artistique. Il publie Anteparaíso en 1982 en pleine dictature de Pinochet au début de laquelle il est incarcéré. Ce recueil, incluant les photographies du poème «La vida nueva» tracé dans le ciel de New-York en juin 1982, chante les espaces chiliens en mouvement, incarnation des passions humaines, et les épisodes de séparation, quête et retrouvailles avec la femme aimée, allégorie du Chili. Dans cette édition bilingue publiée aux éditions Classiques Garnier sont restitués jeux verbaux et visuels, ruptures syntaxiques et innovations langagières de l’une des plus grandes voix contemporaines de la littérature latino-américaine.
Photo : Classiques Garnier/DR
Prix national de littérature en 2000, Raúl Zurita est l’auteur de Purgatorio (1979), Anteparaíso (1982), La vida nueva (1994), INRI (2003) ou encore Zurita (2011). Il a reçu en 2015 deux doctorats honoris causa, l’un à l’université chilienne Federico Santa María et l’autre en Espagne à l’université d’Alicante. En 2017, il est récompensé par le prix ibéro-américain de poésie Pablo Neruda, puis par le prix ibéro-américain de Lettres José Donoso et, en 2018, par le prix italien Alberto Dubito avant de recevoir un nouveau doctorat honoris causa à l’université chilienne de La Frontera (Temuco).
Les œuvres de Raúl Zurita sont traduites dans de nombreuses langues, et il est invité et accueilli dans de multiples festivals à travers le monde. Également artiste visuel, il a créé des installations comme La vida nueva en 1982 dans le ciel de New York, Ni pena ni miedo en 1993 dans le désert d’Atacama ou, plus récemment, Sea of pain à Kochi (Inde) en 2016.
Antéparadis/Anteparaíso vient d’être publié dans une édition bilingue chez Classiques Garnier, traduit par Laëtitia Boussard et Benoît Santini. Laëtitia Boussard est professeure agrégée d’espagnol, traductrice et chercheuse indépendante. Ses recherches portent sur la fictionnalisation de l’histoire. Spécialiste d’Ariel Dorfman, elle a publié divers articles sur la littérature latino-américaine (Pablo Neruda, Tomás Eloy Martínez, Raúl Zurita) et a coordonné un ouvrage sur le Chili au XXIe siècle paru chez Mago Editores en 2013. Elle réalise des traductions de poètes chiliens en collaboration avec Benoît Santini, comme une anthologie de textes de Gabriela Mistral, De Désolation en tendresse, publiée en mars 2018.
Benoît Santini est maître de conférences en civilisation latino-américaine à l’université du Littoral Côte d’Opale et membre de l’unité de recherche H.L.L.I. Spécialiste de l’œuvre de Raúl Zurita, il a écrit une thèse de doctorat et publié divers articles sur celui-ci, co-traduit plusieurs de ses poèmes et coordonné une œuvre critico-génétique Raúl Zurita. Obra poética (1979-1994). Par ailleurs, il s’intéresse plus largement à la poésie chilienne (Lira popular, Gabriela Mistral, poésie et dictature, jeunes poètes du XXIe siècle), au roman chilien (Ramón Díaz Eterovic, Daniel Belmar, Salvador Reyes), à la poésie latino-américaine (poètes de l’Indépendance, Salomón de la Selva, César Moro) et aux nouvelles voix émergentes de la poésie d’Amérique latine. Il a coordonné avec Laëtitia Boussard l’ouvrage collectif Chile en el siglo XXI: ¿Nuevos recorridos artísticos, nuevos caminos históricos? (Mago Editores, 2013).
Marlène LANDON
D’après les éditions Classiques Garnier
Antéparadis de Raúl Zurita, traduit de l’espagnol (Chili) par Laëtitia Boussard et Benoît Santini, Classiques Garnier, 329 p., 36 €.