Le gouvernement français a autorisé l’extradition vers l’Argentine de l’ex-policier franco-argentin Mario Sandoval. Ce dernier est mis en cause dans la disparition de l’étudiant Hernan Abriata, pendant la dictature, a appris mercredi l’AFP auprès d’avocats au dossier. Après un long bras de fer judiciaire, le premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, ont signé le décret autorisant l’extradition de cet homme de 65 ans exilé en France après la chute de la junte. Nous reproduisons ici un article de la Tribune de Genève.
Photo : ACAT France
Cet ancien fonctionnaire, dont la justice argentine réclame l’extradition depuis 2012 pour son implication présumée dans l’enlèvement et la disparition d’un étudiant en octobre 1976, a formé un recours devant le Conseil d’État, selon les avocats. «Ce recours n’est pas suspensif, mais il est d’usage républicain que l’État ne procède pas à une extradition avant l’examen du Conseil», qui doit se prononcer dans les prochains mois, a expliqué Me Jérôme Rousseau, avocat de M. Sandoval.
Français, mais
Mario Sandoval a obtenu la nationalité française en 1997, ce qui n’empêche pas son extradition, car il n’était pas français à l’époque des faits. L’Argentine le soupçonne d’être mêlé à l’enlèvement et la disparition le 30 octobre 1976 d’Hernán Abriata, étudiant en architecture qui fut détenu à l’École de mécanique de la marine (ESMA). Quelque 5000 personnes passées par ce centre de torture de la dictature argentine (1976-1983) ont disparu, souvent jetées depuis des avions dans le Rio de la Plata.
Tortures et séquestrations
Si l’Argentine soupçonne M. Sandoval d’avoir participé durant cette période à plus de 500 faits de meurtres, tortures et séquestrations, le dossier Abriata est le seul sur lequel elle s’appuie pour demander son extradition car elle dispose d’une dizaine de dépositions l’impliquant. En mai 2014, la Cour d’appel de Paris avait émis un premier avis favorable à l’extradition, cassé en février 2015 par la Cour de cassation. À son tour, la Cour d’appel de Versailles avait donné un avis positif en octobre 2017.
Un dernier pourvoi avait ensuite été rejeté le 24 mai. La plus haute juridiction française a estimé que l’étudiant n’étant pas réapparu depuis 1976, la prescription de la séquestration n’a pas commencé à courir car l’infraction n’avait pas pris fin de manière certaine. «Après 45 ans de lutte, la famille d’Hernán Abriata, et en particulier la mère de la victime, Beatriz, âgée de 92 ans, espèrent que cette dernière épreuve permette que Mario Sandoval réponde enfin des crimes contre l’humanité que la justice de son pays lui reproche», a réagi dans un communiqué l’avocate de l’État argentin, Me Sophie Thonon-Wesfreid.
D’après La Tribune de Genève