Roma, un film au Lion d’or du Mexicain Alfonso Cuarón au Festival Lumière de Lyon

Au Festival Lumière, qui va couronner l’Américaine Jane Fonda, deux invités sont mis en avant. Outre l’acteur espagnol Javier Bardem, le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón est à l’honneur pour son film Roma, projeté au public lyonnais pour son avant-première française. Ce dernier film fait la chronique d’une année tumultueuse dans la vie d’une famille de la classe moyenne à Mexico au début des années 1970.

Photo : Roma

C’est en 2001 qu’Alfonso Cuarón s’est fait remarquer avec Y tu mamá también, avec Gael García Bernal et Diego Luna. Puis se furent, hors du Mexique, La Petite princesse (1995), De grandes espérances (1998), ainsi qu’Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban (2004), peut-être le plus noir et le plus réussi de la série, film qui lui apporte la consécration internationale. Puis Les Fils de l’homme (2006), très mal diffusé en France, est un pur chef d’œuvre : dans l’univers pollué de 2027, les femmes sont devenues stériles et la mort du plus jeune garçon de la planète indique que l’homme va vers son extinction, tout cela filmé dans un Londres apocalyptique. Ensuite, c’est avec Gravity qu’il a obtenu en 2014 l’Oscar du meilleur réalisateur ainsi que six autres récompenses.

Alfonso Cuarón a reçu cette année à la Mostra de Venise le Lion d’or pour Roma, des mains de son compatriote Guillermo del Toro, président du jury et vainqueur du Lion d’or l’année dernière avec La Forme de l’eau. Le film est distribué par Netflix et ne sera donc pas visible dans les salles françaises puisqu’il va passer sur la plateforme dès le mois de décembre. Et en France, il faut que les films soient sortis depuis deux ans pour passer à la télévision. Les Lyonnais ont donc la chance de le voir sur grand écran au Festival Lumière.

Tourné en 65mm et sublimé par un beau noir et blanc, Roma (c’est le nom du quartier de son enfance à Mexico City) puise dans les souvenirs familiaux de Cuarón pour dépeindre la société mexicaine des années 1970-71 au cœur d’une capitale réactionnaire qui tire sur les étudiants, et à travers un formidable portrait de femme, une servante d’origine indienne. «Il s’agit du premier film dans lequel je peux complètement intégrer tout ce que je souhaite transmettre au cinéma. On y trouve plusieurs formes et couleurs d’émotions que je travaille depuis mes débuts comme réalisateur», confiait-il récemment au magazine IndieWire. Le réalisateur tenait la caméra et a remarquablement travaillé le son.

Cuarón veut à chaque film faire quelque chose de nouveau, apprendre et changer, comme il l’a indiqué au cours d’une remarquable master class. Bien sur ce n’est pas le premier film latino qui parle des bonnes, les nanas, arrachées à leur terre indigène pour aller travailler en ville dans de riches familles, mais ici c’est particulièrement émouvant. Alfonso Cuarón a terminé en faisant remarquer que Roma, à l’envers, cela faisait Amor…

Alain LIATARD