Le 20 avril 2018, après plus d’une décennie d’existence et sous l’initiative de l’ancien président du Venezuela Hugo Chávez pour faire face aux États-Unis sur le plan économique et politique, l’Union des Nations sud-américaines (UNASUR) a connu la plus grande crise de son histoire. Six pays – l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Paraguay et le Pérou – ont décidé de suspendre leur participation au sein de l’organisation.
Photo : Edgar Romero/RT
Les gouvernements des pays déserteurs justifient leur choix ainsi : la présidence temporaire de l’UNASUR, assurée par la Bolivie, conduirait l’organisation dans la mauvaise voie. De même, dans un communiqué, ils expliquent : «Compte tenu des circonstances actuelles, les pays signataires ont décidé de ne pas participer aux différentes instances de l’UNASUR à partir de cette date tant qu’ils n’auront pas, au cours des prochaines semaines, des résultats concrets qui garantissent le bon fonctionnement de l’organisation.»
Depuis janvier 2018, après que le Colombien Ernesto Samper ait quitté le poste de secrétaire général, les différents pays membres n’arrivent pas à aboutir à un consensus pour nommer le nouveau secrétaire, poste convoité par un seul candidat. Le communiqué établi par les différents pays qui abandonnent l’organisme revient sur ce point : «L’impossibilité de nommer un secrétaire général en raison du manque de consensus autour du seul candidat présenté à ce jour a eu de sérieuses conséquences pour l’organisme.»
Désormais, les doutes augmentent quant au futur de l’UNASUR. Après avoir été la première organisation politique de la région, elle y a remporté plusieurs succès. Tout d’abord, elle a permis une union entre la zone andine et le Cône sud, plus la participation des pays comme la Guyane et le Surinam. Même s’ils appartiennent géographiquement à l’Amérique du Sud, ils n’avaient auparavant pas le sentiment de partager culturellement plusieurs aspects avec les autres nations et furent exclus du débat public pendant plusieurs décennies. Ils font aujourd’hui eux aussi partis de l’UNASUR.
Parallèlement, l’organisation internationale a pu faire des progrès dans des domaines comme la défense, la culture et le tourisme. Elle a également servi de garant au cours de plusieurs crises dans la région, à l’exemple des élections législatives vénézuéliennes en 2015 où, grâce à l’intervention de l’UNASUR, une commission de quatre pays (Brésil, Colombie, Équateur et Uruguay) a servi de garant pour la réalisation des élections. Le 6 décembre 2017, le conseil électoral du Venezuela a permi le déroulement des élections, au moment où l’opposition a remporté une victoire dans le pays bolivarien. Ensuite, pendant la crise entre le Venezuela et la Colombie, et plus précisément lors de l’expulsion arbitraire des citoyens colombiens du territoire vénézuélien, l’UNASUR a permis la négociation entre le président colombien Juan Manuel Santos et le président vénézuélien Nicolás Maduro pour essayer d’aboutir à un accord.
Pendant que des gouvernements dits de gauche étaient à la tête de plusieurs pays de la région, l’organisation fonctionnait et avançait correctement, donnant l’impression d’un futur possible et marqué par une profonde collaboration entre les pays sud-américains. Des projets comme celui de la citoyenneté sud-américaine avaient pris de l’importance. Depuis que plusieurs pays ont basculé vers la droite, notamment le Chili et l’Argentine, la continuité de la collaboration entre les nations est en péril. De plus, les grandes tensions qui existent entre le gouvernement du Venezuela – qui maintient une crise humanitaire – et les autres pays de la région, notamment la Colombie et l’Argentine, ajoutent des difficultés supplémentaires à la résolution des problèmes régionaux et à la bonne collaboration des pays, laissant penser que c’est peut-être la fin de l’aventure pour cet organisme international.
Jonathan Z. CORONEL