Le week-end dernier avait lieu la 90e cérémonie des Oscars du cinéma – organisée par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences –, au cours de laquelle trois pays latino-américains ont été largement récompensés. Parmi eux, le Chili, qui a remporté son deuxième Oscar pour Una mujer fantástica et dont le succès s’est converti en une véritable fête nationale.
Photo : Daniela Vega/Una mujer fantástica
Una mujer fantástica a remporté dimanche l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, offrant ainsi au Chili son deuxième Oscar lors de la 90e cérémonie des prix de l’Académie d’Hollywood. Le film, réalisé par Sebastián Lelio avec l’actrice transgenre Daniela Vega dans le rôle principal, coécrit par Lelio et Gonzalo Maza, retrace l’histoire de Marina, une jeune transgenre qui fait face à la mort subite de son partenaire, Orlando (Francisco Reyes), plus âgé qu’elle et qui laisse derrière lui une famille qui, entre violences, reproches et préjugés, rendra la vie impossible à Marina. Le film s’est imposé face à The insult (Liban), On body and soul (Hongrie), The Square (Suède) et Loveless (Russie). Le succès de Una mujer fantástica n’est pas anodin. Il est non seulement le signe d’un renouveau du cinéma chilien, mais il génère également un véritable débat politique, qui pose la question de la discrimination à travers le monde. Patricio Riquelme, réalisateur chilien, a souligné que « l’art est un outil politique, le fait de proposer des thématiques nouvelles est intéressant non seulement pour le Chili, mais aussi pour les autres nations qui peuvent voir comment on peut, à travers le cinéma, toucher à des sujets sensibles et inciter la société au débat. » Et il a ajouté : « Je crois que la société chilienne peut être fière parce qu’elle met en avant, de manière mondiale, des sujets de première importance, des sujets desquels on ne parle pas. »
L’Oscar à Una mujer fantástica est le dernier de toute une série de succès ; le film de Sebastián Lelio a en effet remporté, entre autres, l’Ours d’argent du meilleur scénario et le Teddy Award lors de la Berlinale 2017, le prix Sebastiane Latino lors du Festival de cinéma de San Sebastián en septembre dernier, le prix Goya du meilleur film ibéro-américain le 3 février, et le prix Independent Spirit Award du meilleur film international samedi dernier.
Peu après l’annonce du succès du film chilien, le président Sebastián Piñera a réagi sur son compte twitter : « Ce soir le Chili a touché les étoiles. Vive le Chili et un grand abrazo, avec fierté et émotion, à toute l’équipe de Una mujer fantástica, meilleur film en langue étrangère des Oscars 2018. »
C’est la seconde fois en deux ans qu’un film chilien remporte une telle récompense ; en 2016, Historia de un oso, réalisé par Gabriel Osorio avait remporté l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation. Depuis cette perspective, le cinéphile Guillermo Muñoz a qualifié ce qu’il considère comme « le signe que quelque chose d’important est en train de se passer », d’un « début de processus pour le cinéma chilien qui connaît, comme jamais auparavant, une croissance énorme ».
D’autre part, Coco, le succès de Disney Pixar sur la tradition mexicaine du Jour des Morts, réalisé par Lee Unkich et Adrian Molina, a remporté le prix du meilleur film d’animation et sa bande-son « Remember Me », de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez, a obtenu le prix de la meilleure chanson originale. Le réalisateur mexicain Guillermo del Toro, d’autre part, a remporté quatre Oscars, dont celui du meilleur réalisateur et celui du meilleur film pour La forma del agua.
Léa JAILLARD
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