Nous avions découvert et interrogé Marcela Said à l’occasion de son premier film de fiction, L’Été des poissons volants, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2014. Elle avait déjà réalisé un documentaire très apprécié, I love Pinochet, en 2001. Pour ce second film sélectionné à la Semaine de la critique de Cannes 2017, elle a su s’entourer de deux des meilleurs acteurs chiliens, Antonia Zegers et Alfredo Castro (l’acteur fétiche de Pablo Larraín) qui donnent beaucoup de réalité à ces deux personnages. Un très bon film qui sort le 13 décembre.
Photo : Antonia Zegers/Mariana
« Je pensais à ce film dès « L’Été des poissons volants », sorti en France en 2014, cela depuis que j’avais rencontré le colonel. J’avais l’idée qu’il serait intéressant de faire un film qui parle de la complicité des civils durant la dictature, mais je ne savais pas exactement ce que j’allais faire. Et puis j’ai trouvé la structure. Je n’avais pas d’autre projet, un à la fois. En plus ce n’était pas un film simple. La résidence de Cannes m’a aidée et le festival de Sundance aussi de confronter mon texte avec de vrais scriptwriters (scénaristes). », explique Marcela Said.
Le personnage du colonel est assez sympathique ?
« C’est ce que je voulais, que le méchant soit charmant. Il n’a pas été trop compliqué à écrire. Par contre, comment avoir de l’empathie pour Mariana, une bourgeoise pas très sympathique. Au début, je l’avais écrite différemment. C’était difficile. L’actrice est formidable. Elle est géniale, elle a beaucoup de caractère. Je me suis très bien entendu avec les deux, Antonia Zegers et Alfredo Castro. Avec les comédiens, le texte n’était pas figé, il évoluait. Et aussi avec la qualité de la photo. Je cherchais un directeur de la photo et l’on m’a recommandé George Lechaptois. Ce que je ne savais pas c’est que, malgré son nom, il est chilien. Il est très humain et il a beaucoup donné de lui-même. Il a beaucoup de talent et on s’est très bien entendu. Ce n’est pas facile de faire un film, mais c’est plus facile avec des êtres humains. On a beaucoup cherché les artistes ou les lieux de tournage. Tous les artistes sont chiliens, de Santiago. Tous les personnages sont vrais. »
Le titre français ne met-il pas trop l’accent sur Mariana, alors que le titre original est Los perros (Les chiens) ?
« Non, c’est le choix du distributeur français, mais cela ne me gêne pas, car c’est un vrai portrait de femme. Je voulais rendre compte de la violence du Chili. Je voulais montrer pourquoi Mariana a trahi, qu’est-ce qu’il manque à Mariana pour sortir de là. Elle n’a pas peur, mais Il lui manque du courage. »
Le personnage du commissaire est curieux ?
« C’est la justice qui abuse ! Cela questionne. Au début, le personnage était un journaliste et puis après c’est devenu un policier sur les conseils d’un ami. »
Quels sont vos prochains projets ?
« J’ai deux projets : Le puma, qui est une histoire d’amour et de trahison qui se passe dans la nature, peut-être tout au fond de la Patagonie, et un autre film, Ancila et Leo, une histoire très peu conventionnelle entre une femme célibataire, de la classe populaire avec un fils adolescent et un homosexuel. »
Pas de projet en France ?
« J’aimerai bien. J’ai deux sujets qui pourraient se passer en France et bien sûr très différents… »
Propos recueillis au Festival Biarritz Amérique latine
le 28 septembre 2017
par Alain LIATARD