Antonio Ledezma a fui le Venezuela et s’est réfugié à Madrid depuis samedi dernier. Il se trouvait sous résidence surveillée depuis 2015. Le maire de Caracas, en tant qu’opposant majeur au régime de Maduro, a été accusé de conspiration contre le régime et d’association de malfaiteurs. Le fondateur et leader du parti politique Alianza Bravo Pueblo venait d’accomplir un peu plus de mille jours de détention.
Photo : Noticiero 52
Après avoir échappé à la surveillance des services secrets postés devant son domicile, Ledezma, au prix d’un voyage d’environ quinze heures, est arrivé en territoire colombien. Lors de sa course vers la Colombie, il a traversé le pont Simón Bolivar, qui connecte le Venezuela à la Colombie. Ce pont est célèbre pour être traversé chaque jour par des milliers de Vénézuéliens qui cherchent à se procurer des produits de première nécessité et parfois de meilleures conditions de vie.
Arrivé sur le pont, Ledezma est s’est dissimulé dans la foule de personnes qui s’y trouvaient ; il serait passé ainsi sans qu’on ne le remarque en face d’une trentaine de postes de la garde nationale et de la police. En Colombie, il s’est acquitté de toutes les procédures migratoires de manière légale, étant donnée l’absence d’ordre de capture à l’international et de sollicitude formelle de détention. À Bogotá, il a pu embarquer pour un vol à destination de Madrid et a été reçu à l’aéroport par son épouse et ses deux filles. Ce même jour, il a annoncé à la presse qu’il allait s’entretenir avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
Le Service Bolivarien d’Intelligence National (SEBIN) s’est présenté au domicile de Ledezma ce même jour, ayant eu vent de rumeurs sur sa possible fuite. Cependant, il était déjà trop tard : Ledezma avait pris la fuite cinq heures plus tôt. Les agents du SEBIN ont fouillé son domicile pour comprendre comment ce dernier avait pu s’échapper.
Mariano Rajoy s’est prononcé en faveur de l’opposition au gouvernement vénézuelien et il a souligné la nécessité d’aboutir à une solution démocratique à la crise qui affecte le pays. De son côté, l’ancien maire de Caracas a affirmé son intention de poursuivre la lutte contre Maduro en dénonçant les dérives du gouvernement socialiste à travers le monde. Selon ses propres mots, Ledezma veut incarner « l’espoir de tous les vénézuéliens de sortir de ce régime, de cette dictature ». Il accuse notamment le régime de Maduro d’avoir établi des liens avec des trafiquants de drogue.
Le 1er et le 2 décembre, des discussions entre les membres de l’opposition et le gouvernement dominicain auront lieu en République Dominicaine, dans le but de négocier un accord améliorant les conditions électorales avant les prochaines élections présidentielles de 2018. L’opposition est représentée par une coalition de partis politiques anti-chavistes : la MUD (Table de l’Unité Démocratique), qui comprend le parti de Ledezma. Cependant, les récentes fractures et divisions au sein de la coalition retardent l’aboutissement à un accord majoritaire sur ces questions.
Ledezma est un des opposants incarcérés les plus emblématiques de son pays, aux côtés de Leopoldo López, se trouvant également sous résidence surveillée. L’ancien maire a affirmé à ce titre qu’il avait reçu l’aide de militaires vénézuéliens pour assurer sa fuite.
Karla Rodríguez González