Rodrigo Landaño, également connu sous le nom de Timoléon Jiménez ou le surnom Timochenko, vient de présenter sa candidature aux prochaines élections colombiennes qui auront lieu en 2018. L’ancien leader du groupe guérillero des Forces armées révolutionnaires (FARC) va conserver cet acronyme, bien que cette fois-ci, il ne renvoie pas à un groupe armé mais à un nouveau parti politique.
Photo : Rodrigo Landaño/Semana
La candidature de l’ex-guérillero est l’une des conséquences de l’accord de Paix conclu à Bogotá le 24 novembre 2016, prévoyant l’incorporation des FARC à la vie politique du pays. C’est ainsi que le Conseil National Électoral a autorisé le 31 octobre dernier (7 voix pour, 2 voix contre) l’inscription de la Force Alternative Révolutionnaire Commune (FARC) en tant que parti politique. Dès le lendemain, les candidatures d’ex-membres de la guérilla, dont celle de Rodrigo Landaño, ont été proposées.
Un long chemin a dû être parcouru avant que cet accord ne soit conclu. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement et le groupe guérillero essayent de négocier afin de mettre fin au conflit. Néanmoins, après des mois de négociations, à La Havane, à Oslo et à Bogotá, le président Juan Manuel Santos et son gouvernement sont parvenus à cet accord de paix avec les FARC, entraînant la participation du groupe guérillero à la vie politique du pays.
De nombreuses difficultés apparaissent cependant face à l’incorporation des FARCS à la vie politique du pays. Selon les propos tenus par María Gómez à El Tiempo, nombreux partis essayent d’empêcher la mise en place de l’accord de paix, selon une stratégie élaborée contre les FARC. Le fait d’être contre les ex-guérilleros leur permettrait ainsi, selon María Gómez, de gagner des voix, alors que ce qui était l’esprit et le but de l’accord n’était que de faire en sorte que les FARCS sortent de la guerre et se tournent vers la politique.
Outre la volonté politique du gouvernement, ils existent également des obstacles juridiques à l’aboutissement de tout ce qui a été signé. D’ailleurs, après une première discussion, La Comisión de Seguimiento a los Delitos Electorales, commission créée en 2017 ayant pour but le contrôle électoral, estime que le fait que les ex-guérilleros soient condamnés les rend non éligibles, comme le dit l’article 179 de la Constitution.
D’autre part, il y a ceux qui, à l’inverse, s’appuient sur la Juridiction Spéciale pour la Paix (JPD) pour défendre la légitimité des candidatures politiques des ex-guérilleros. Cette loi, créée en 2017, a pour but, entre autres, la réparation des victimes ou l’insertion des ex-guérilleros via l’admission de leurs culpabilités et l’abandon des armes. C’est ainsi que, selon l’article transitoire 20 de l’acte législatif 01 de 2017, ceux qui seront jugés sous ces normes verront annuler cette inhabilité pour l’activité politique. Dans tous les cas, les délais pour que cette loi puisse être appliquée sont courts et cela empêcherait éventuellement l’effectivité de sa mise en œuvre.
C’est pour cela que le gouvernement doit surmonter ces obstacles juridiques en cherchant la façon d’adapter la réalité politique de l’accord de paix à la loi. Selon le quotidien El Tiempo, le ministre de l’intérieur, Guillermo Rivera, en plus de demander le calme, insiste sur le fait que, avec le développement de l’article transitoire 20, les droits politiques des ex-guérilleros seront respectés, tout en assurant que le gouvernement est en train de faire le nécessaire afin de trouver des solutions à ces difficultés juridiques.
Mario PÉREZ MORALES