L’artiste français, né en 1938 et considéré comme l’un des piliers de la création internationale contemporaine, présente une œuvre créée spécifiquement pour le Museo de Arte Moderno de Bogota (MAMBO), situé au cœur de la capitale colombienne. Cette initiative s’inscrit dans les nombreuses manifestations de l’Année France-Colombie.
Photo : Museo de Arte moderno de Bogota
Ce qui caractérise le travail de Buren, et son œuvre en général, est basé sur son concept de création in-situ, c’est-à-dire une pièce conçue pour être réalisée, appréciée, traversée et même détruite dans le lieu où elle a été exposée. L’aspect le plus intéressant de cette installation originelle réside dans l’intention de décomposer la lumière à travers des panneaux translucides colorés. Le jeu d’ombres et de lumières qui émanent des portiques et demi-cercles, évoquant les vitraux des églises, invite le spectateur à porter un nouveau regard sur l’architecture, où les formes, lignes et courbes sublimées par la lumière naturelle se combinent pour créer une nouvelle conception du volume de l’espace public.
Ainsi, la composition que Buren exhibe actuellement dans le musée colombien se situe dans la lignée de certaines de ses créations réalisées dans le passé, parmi lesquelles Les deux plateaux appelée aussi « Les colonnes de Buren », sur la cour d’honneur du Palais Royal à Paris (1985/6), les rayures blanches de la place des Terreaux et du parc des Célestins à Lyon (1994) et sa récente intervention, en 2016, dans le bois de Boulogne avec l’œuvre intitulée L’Observatoire de la Lumière, sur l’enveloppe du bâtiment de la fondation Louis Vuitton (conçu par l’architecte étasunien Frank Ghery, auteur du célèbre musée Guggenheim de Bilbao).
Mentionnons aussi que si l’installation de Buren se trouve à l’extérieur du musée ; le Mambo accueille à l’intérieur de ces murs une sélection d’œuvres de la 32 Biennal de Sao Paulo, Incerteza Viva (« Incertitude Vivante »). Les œuvres des artistes Francis Alÿs, Ana Mazzei et Carolina Caycedo réinterprètent l’espace pour le déstabiliser, s’interrogeant sur son rôle physique-politique dans une société souvent considérée comme un ensemble d’individus isolés, mais qui en réalité fonctionne et évolue comme une unité vivante structurée comme un organisme. D’autres œuvres, comme Tears of Afrique (Larmes d’Afrique) de l’artiste Sebidi, rappellent l’histoire des pays colonisés par l’impérialisme et les conséquences de son influence sur leur avenir. L’installation de Daniel Buren sur le parc du Mambo s’étendra jusqu’au 7 janvier 2018, tandis que Incerteza Viva sera exposé jusqu’au premier octobre de cette année.
Eduardo UGOLINI