Découvrir, surprendre et être surpris : poésie, lectures d’extraits de livres, conférences, cycle de ciné chilien, théâtre étaient au rendez-vous des 26e Lectures sous l’arbre du 13 au 20 août dernier. Coorganisées avec Cheyne éditeur qui publie de très beaux livres de poésie, les invités d’honneur étaient le Chili et les éditions du Seuil. Jac Forton nous livre ses notes après son séjour ardéchois. Après trente-huit années à la tête de la maison, Jean-François Manier, cofondateur et éditeur de Cheyne, cède la place à deux de ses salariés : Elsa Pallot et Benoît Reiss (en photo).
Photo : La commère43
Les lieux : tout part de l’Arbre vagabond, une librairie-bar à vin située au lieu-dit Cheyne en Ardèche. Les activités ont eu lieu au Chambon-sur-Lignon et à Tence en Haute-Loire (43), à Devesset, Cheyne et Saint-Agrève en Ardèche (07). Cycle de cinéma chilien : les participants ont pu voir Poesia sin fin d’Alejandro Jodorowsky, Violeta d’Andrés Wood, No et Neruda de Pablo Larraín. Lectures de textes. « Poésie sur la place » : lectures de courts textes sur la place du village du Chambon, à la bibliothèque, à la terrasse des cafés par la comédienne Camille Buès. Plus tard, à l’Arbre, Cécile Falcon a lu plusieurs extraits du Vieux qui lisait des romans d’amour de l’écrivain chilien Luis Sepúlveda. Également au programme, des « Ballades-lectures » : un parcours en bois et prairies ponctué d’arrêts pendant lesquels des artistes lisent des extraits de livres. Ou encore « Parcours de lecteur » : le poète Martin Wable propose, raconte et lit des extraits de trois livres qu’il apprécie plus particulièrement.
Poésie chilienne : deux invités prestigieux, Oscar Hahn et Waldo Rojas. Oscar Hahn a reçu plusieurs prix pour son œuvre, dont le prix national de littérature 2012 au Chili. En 1974, la dictature l’oblige à quitter le pays, il se réfugie aux États-Unis où il enseigne la littérature latino-américaine. Aux Lectures, il évoque pour nous le rôle qu’a joué pour lui la découverte des poètes Vicente Huidobro et Pablo Neruda. Pour certains critiques, il serait à la même hauteur de qualité poétique que ce dernier. Waldo Rojas est poète, essayiste, traducteur et ancien maître de conférence en histoire à l’université de Paris I. Considéré comme l’un des poètes les plus importants de la « génération des années 60 », il est arrivé en France en 1974 en tant que réfugié politique fuyant la persécution du dictateur Pinochet. Cécile Falcon a ensuite lu des extraits de sa poésie.
Soirée « Aux livres citoyens ! » Lecture du Matin Brun de Franck Pavlov et de Traverser l’autoroute du poète Maxime Fleury à la Salle des Arts pleine à craquer de Saint-Agrève par l’extraordinaire comédien Denis Lavant accompagné des commentaires politiques d’Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart. Nous étions présents aux Lectures, d’abord en commentant le film documentaire « Le juge et le général » (le juge Juan Guzmán qui essaie d’inculper le général Pinochet pour crimes contre l’humanité) à la bibliothèque du Chambon, puis, le lendemain, en présentant une conférence sur le thème « Quarante-cinq ans de luttes à l’ombre de Pinochet » : pourquoi le Chili est un pays toujours divisé 27 ans après la fin de la dictature et 11 ans après la mort du dictateur.
En fin de séjour, « Soirée Pablo Neruda » : André Marcon lit en Français des poèmes de Neruda extraits de Chant général et de Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée. Lecture en espagnol par Nicole Mersey. On ne peut détailler toutes les autres manifestations de ce festival (la peintre Anne Slacik, le musicien Alexis Kowalczewski, l’écrivain Ito Naga…). Superbement organisé par ses administrateurs Elsa Pallot, Jean-François Manier et Benoît Reiss soutenus par une équipe de bénévoles efficaces et à l’écoute, on attend simplement avec impatience les 27es Lectures de 2018.
Jac FORTON