« Koblic », un film argentin de Sebastián Borensztein et « Anna », du Franco-Colombien Jacques Toulemonde en salle le 5 juillet

La période pendant laquelle se déroule l’histoire est l’une des plus sombres qu’a connue l’Argentine. En effet, nous sommes en 1977, en pleine dictature du général Videla. Sebastián Borensztein, le réalisateur qui avait réalisé le plaisant El Chino déjà avec Ricardo Darín, a choisi de traiter son sujet sous la forme d’un thriller politique.

Colonia Elena, où se déroule ce drame, est un lieu isolé au milieu de la pampa. Par son côté aride, ce lieu quelconque, semble contenir le drame de tout un pays. Les atrocités de la dictature ne semblent pas encore l’atteindre et l’atmosphère à la fois calme et pesante de Kóblic montre bien ce que fut cette période où « certains » ne voulaient pas voir, et surtout ne pas savoir que des centres de détention clandestins se mettaient en place dans tout le pays et qu’on arrêtait tous les opposants au régime. Le terrorisme d’État était, il est vrai, développé à un tel niveau que la désinformation et la répression rendaient inaudibles les résistances. Pourtant, dès octobre 1976, sont apparus les premiers corps nus et mutilés sur les côtes uruguayennes, provenant des sinistres « vols de la mort » et dont le thème sert de toile de fond au film.

Kóblic arrive ici pour aider un ami à piloter des petits avions qui pulvérisent de l’engrais dans les champs environnants, mais on devine que cet homme fuit. Mais que fuit-il ? Qu’a-t-il laissé derrière lui pour que le commissaire local s’intéresse à lui ? Pourquoi ses nuits sont-elles hantées par ces cauchemars obsessionnels que les flashbacks nous révèlent ? On imagine bien que Ricardo Darín ne peut être foncièrement mauvais.

A ses cotés, nous retrouvons Oscar Martinez qui campe Velarde – le commissaire de police véreux – et Inma Cuesta qui interprète Nancy, la seule commerçante et pompiste du village, qui vit une existence faite de soumission, d’humiliation et de renoncement et qui verra dans l’histoire d’amour qu’elle vivra avec Kóblic, une délivrance. Velarde a le physique de l’emploi (rondouillard, fumeur, affublé d’une perruque disgracieuse) qui fait de lui le parfait commissaire qu’on imagine bien dans un film policier. Il représente la loi, mais quelle loi peut-il représenter dans ce pays où les militaires ont justement anéanti tout État de droit? Un film simple sur un sujet grave mais traité avec sérieux et bien interprété. À partir du 5 juillet.

Alain LIATARD *

*D’après l’analyse de Michel Dulac dans Salsa Picante, le journal du festival ibérique et latino de Villeurbanne de mars 2017.

« Anna », film franco-colombien
de Jacques Toulemonde

Paris. Anna est très instable. Entre fragilité psychologique et excentricité, son ex-mari estime qu’elle ne peut plus s’occuper de Nathan,  leur fils de 10 ans. Elle décide brutalement de retourner en Colombie, son pays natal, avec son petit ami et Nathan. Jacques Toulemonde est un cinéaste franco-colombien. En Colombie, il a été assistant sur plusieurs films et également scénariste de L’étreinte du Serpent de Ciro Guerra, sorti l’an passé. On ne sait pas dans quel genre situer le film. Le road-movie colombien n’est pas vraiment concluant. On ne s’identifie  que peu à Anna. Pourtant l’actrice Colombienne Juana Acosta n’est pas mal. Par contre les acteurs masculins français sont peu crédibles. Dommage.

Alain LIATARD