L’actualité cinématografique de la semaine est partagée entre la sortie du nouveau film chilien, Rara, quelques échos des Latinos à Cannes et le festival de cinéma d’animation d’Annecy… Voici un compte-rendu.
Depuis le divorce de leurs parents, Sara, 12 ans, et sa petite sœur Cata vivent avec leur mère et la compagne de celle-ci. Leur quotidien, fait de tendresse et de complicité, ressemble à celui d’autres familles. Lorsque leur père tente d’obtenir leur garde, l’équilibre de la famille semble mis à l’épreuve… Depuis plusieurs années le cinéma latino aborde la thématique de la famille. Ici il s’agit de familles recomposées. D’un côté la mère et sa compagne s’occupent des deux filles, de l’autre coté le père vit en couple. Nous sommes dans des milieux aisés à Vina del Mar au Chili. Rara s’inspire de faits réels, l’affaire de la juge Atala qui a perdu la garde de ses filles à cause de son homosexualité. Sara a des doutes, son père lui manque parfois. La vie au collège n’est pas facile. L’amour des parents n’est pas toujours suffisant !
« Mon travail, explique la réalisatrice Pepa San Martin, est né de la nécessité de raconter des histoires centrées sur des personnages et la communauté qui gravite autour d’eux. Des histoires intimes, privées, sans revendications explicites. Le film est basé sur des faits réels de discriminations, une histoire vraie de jugements et de procès. Mais je crois que Rara est avant tout un film d’amour, d’innocence. Il parle de la perte, de la façon dont on peut l’affronter sans perdre sa propre identité. L’homoparentalité est une situation qui est encore loin d’être acceptée dans notre société. Le film ne cherche pas à prêcher des convaincus, mais s’il pouvait aider à éclairer ceux qui doutent de la normalité d’une telle situation et du bien-être des enfants, ce serait merveilleux ! « . Sélectionné à la Berlinale 2016, Rara a reçu le Grand prix du jury de la section Génération. Ne le ratez pas dès le 21 juin.
Depuis Cannnes 2017
Le palmarès du 70 e Festival de Cannes a été plutôt bien accueilli. The Square du Suédois Ruben Ostlund s’adjuge la Palme d’Or et Robin Campillo avec 120 Battements par minute mérite le Grand Prix de la Compétition officielle. Même si nous avons regretté de ne pas voir sélectionné de films latinos en Compétition officielle cette année, deux ont été primés dans les sections parallèles. D’abord à un Certain Regard, le prix du jury a été remis à Las Hijas de Abril de Michel Franco (Mexique), l’histoire d’une mère prédatrice remarquablement jouée par l’actrice espagnole Emma Suárez. Sortie prévue pour le 26 juillet.
A la semaine de la critique, le prix Révélation est allé à Gabriel E A Montanha du brésilien Fellipe Gamarano Barbosa qui retrace le périple existentialiste en Afrique d’un jeune chercheur brésilien. Le cinéaste a gagné aussi le prix de la Fondation Gan qui consiste en une aide à la diffusion qui profitera au distributeur français du film, Version Originale Condor, qui le lancera dans les salles de l’Hexagone le 16 août. Le film ne m’a pas convaincu.
Les deux autres films de la semaine étaient : Los Perros qui est le second film de Marcela Said (Chili). Mariana (42 ans) interprétée par Antonia Zegers, fait partie de cette bourgeoisie chilienne sûre de ses privilèges. Méprisée par son père et son mari, elle éprouve une étrange attirance envers son professeur d’équitation, Juan (60 ans) joué par Alfredo Castro, un ex-colonel, suspecté d’exactions pendant la dictature. L’interprétation est très juste et le film sera à découvrir à sa sortie. La Familia est le premier film de Gustavo Rondón Córdova (Venezuela). Pedro, 12 ans, erre avec ses amis dans les rues violentes d’une banlieue ouvrière de Caracas. Le film essaie avec chaleur de montrer comment deux êtres laissent la violence derrière eux et réapprennent, dans ce nouveau contexte, à se connaître.
La defensa del dragon de la Colombienne Natalia Santa (Colombie) était le seul film latino de La quinzaine des réalisateur. Au cœur de Bogota, trois vieux amis, Samuel, Joaquín et Marcos, passent leurs journées entre le club d’échecs, le Casino Caribéen et le café traditionnel. Joueur d’échecs professionnel, Samuel vit des paris qu’il fait sur les petites parties qu’il est certain de gagner. Son meilleur ami, Joaquín, horloger accompli, est lui sur le point de perdre la petite boutique qu’il a hérité de son père. Quant à Marcos, homéopathe espagnol, il consacre son temps à trouver la formule qui lui permettra de gagner au poker…
La cordillera (El presidente) film argentin de Santiago Mitre avec Ricardo Darín était proposé dans la section Un Certain regard. Au cours d’un sommet rassemblant l’ensemble des chefs d’état latino-américains dans un hôtel luxueux et isolé de la Cordillère des Andes, Hernán Blanco, le président argentin, est rattrapé par une affaire de corruption impliquant sa fille. Alors qu’il se démène pour échapper au scandale qui menace sa carrière et sa famille, il doit aussi se battre pour des intérêts politiques et économiques à l’échelle d’un continent. Ricardo Darín est sans doute le meilleur acteur Latino. Il incarne à merveille le président argentin qui réunit des hommes et des femmes politiques qui se prennent pour des dieux, alors qu’ils ne sont que de petits insectes au milieu de l’immensité des Andes. L’hôtel dans lequel se déroule aussi un drame personnel nous fait penser à Shining de Kubrick (1980). Mais je trouve que ce film n’a pas la force et l’’originalité qu’avait Paulina présenté il y a deux ans par ce réalisateur doué.
La novia del desierto (La fiancée du désert) film argentin de Cecilia Atán et Valeria Pivato présenté aussi à Un Certain Regard. Teresa, 54 ans d’origine chilienne, a toujours travaillé au service de la même famille jusqu’au jour où elle est contrainte d’accepter une place à 1 000 kilomètres de Buenos Aires. Elle entame alors un voyage à travers l’immensité du désert argentin, et à la suite de la perte de son sac dans le camping-car de El Gringo, sur un lieu de pèlerinage, prés de San Juan, elle va se découvrir et prendre un nouveau départ. Les réalisatrices ont voulu parler, sans parfaitement y réussir, de renaissance, de la quête du temps et du travail nécessaire à l’épanouissement d’une femme d’un certain âge.
Festival international de film d’animation d’Annecy
En parallèle du festival s’est déroulé du 13 au 16 juin le 31e MIFA qui est le marché n°1 dans le monde pour l’animation et qui dura cette année une journée supplémentaire, plus de 2800 professionnels furent reçus. Plusieurs événements ont ponctué le marché, en particulier la présence comme parrain du Mifa Campus du réalisateur mexicain Guillermo del Toro, ou encore une célébration des 70 ans de l’animation polonaise.
Les jurys de la 41e édition du Festival international du film d’animation ont dévoilé le palmarès 2017 ! Parmi les 216 films nommés en compétition officielle, toutes catégories confondues, 17 prix ont été décernés lors de la cérémonie de clôture organisée ce samedi 17 juin. Le Festival eut un franc succès avec 10 % d’augmentation pour les séances du Festival. Le succès fut aussi très grand au MIFA qui enregistra l’arrivée de nouveaux pays. Ils étaient 1 400 sociétés de 74 pays présents. L’Argentine, le Chili, le Mexique et la Colombie avaient leur propre stand. A noter que ce sera le Brésil le pays invité l’an prochain.
Alain LIATARD