Les présidents du Pérou, Pedro Pablo Kuczynski et du Guatemala Jimmy Morales effectuent cette semaine une visité officielle en France. A Paris ils participeront au forum économique dans le cadre de la clôture de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes en France. Des ministres du Mexique, Costa Rica et Brésil figurent aussi parmi les personnalités invitées.
Pedro Pablo Kuczynski est un technocrate à la trajectoire nationale et internationale. Âgé maintenant de 78 ans, il a été ministre de l’Énergie et des Mines (1980-1982), et de l’Économie (2005-2006), ainsi que président du conseil des ministres (2005-2006). Né à Lima d’un père allemand d’origine polonaise et d’une mère française, PPK a grandi à Iquitos, où son père, Maxime, dirigeait la léproserie de San Pablo et où sa mère était professeur. Le cousin de PPK, le cinéaste français Jean-Luc Godard a passé quelque temps à Lima lorsqu’il était jeune, auprès du futur président du Pérou. Sa jeunesse a été très éloignée de la politique et même de l’économie. Peut-être influencé par son cousin, Kuczynski avait des aspirations artistiques. En 1962 il a épousé une Américaine, Jane Dudley Casey, fille d’un politique, avec laquelle il a eu trois enfants. Divorcé en 1995, il a plus tard épousé Nancy Ann Lange, cousine de l’actrice Jessica Lange, avec laquelle il a eu une fille, Suzanne.
Dans les années 90, pendant le fujimorisme, il a quitté le premier plan de la scène politique et a travaillé dans différentes compagnies multinationales. Il revint à l’État sous la présidence d’Alejandro Toledo (2001-2006). Il ne fut ministre de l’Économie qu’une année, les mesures de privatisation et de libéralisation qu’il avait prises ayant entraîné beaucoup de contestations. Il a continué de soutenir le gouvernement et a été réintégré en 2005 comme président du conseil des ministres. En 2011, à l’âge de 73 ans, il s’est présenté pour la première fois à la présidence de la République pour l’Alliance pour le Grand Changement (Alianza por el Gran Cambio), et est arrivé troisième, avec 18,5 % des voix, derrière Ollanta Humala et Keiko Fujimori. Au second tour il avait soutenu Keiko Fujimori, qui avait perdu face à Ollanta Humala.
Jimmy Morales, né James Ernesto Morales Cabrera le 18 mars 1969 à Guatemala, est un acteur, écrivain, producteur, réalisateur et homme d’État guatémaltèque. Entré en politique en 2001, il est nommé, le 10 mars 2013, secrétaire général du Front de convergence nationale (Frente de Convergencia Nacional, FCN) et est élu président de la République du Guatemala le 25 octobre 2015. Lors de notre article de le cette époque nous signalions que le candidat Jimmy Morales eut l’habileté de se placer aux côtés des citoyens en déclarant :“Je fais partie des mécontents de ce système et je m’engage fermement au côté de la clameur populaire pour commencer à faire les choses autrement… Cette clameur veut une réforme de la loi électorale et des partis politiques et exige des changements ”.
Il a aussi promis de “donner leur indépendance aux pouvoirs et aux institutions nationales”, bref d’éradiquer la culture de corruption et d’impunité au Guatemala. Morales n’a aucune expérience politique ni de véritable parti organisé pour le soutenir, ainsi que peu de députés au Congrès. Il faudra qu’il s’allie avec un ou d’autres partis et son choix sera un signe de son orientation politique. Le côté plus sombre du nouveau président est que son parti fut créé en 2008 par des vétérans militaires de la guerre civile et qu’il est soutenu par le général José Luis Ayuso, ancien président de l’Association des vétérans et militaires du Guatemala, un groupe d’anciens militaires d’extrême droite. On sait aussi que Morales est un conservateur très religieux, proche des évangéliques. Après sa victoire au premier tour, il avait déclaré que “certains diront que c’est la chance, d’autres que c’est providentiel ; je préfère penser que Dieu nous a aidés et nous a bénis”.
Le Forum économique international de l’Amérique latine et des Caraïbes vise à faire dialoguer les leaders des secteurs public et privé ainsi que les représentants des organisations internationales impliquées en Amérique latine. Après avoir examiné les perspectives macro-économiques du continent latino-américain, ce IXe Forum analysera l’impact des nouvelles politiques économiques et commerciales à l’échelle mondiale sur le développement des pays de la région, la nouvelle géographie des accords commerciaux, et le processus d’intégration régionale.
Le Forum se penchera également sur l’importance d’investir dans les compétences et la formation de la jeunesse latino-américaine, y compris en encourageant l’esprit d’entreprise des jeunes. Cet événement est organisé de manière conjointe par le ministère de l‘Économie et des Finances français, le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques ainsi que par la Banque interaméricaine de développement.
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Déclaration conjointe M. Pedro Pablo Kuczynski, président de a République du Pérou et M. Emmanuel Macron président de la France
Paris, 8 juin 2017
Mesdames et Messieurs,
J’ai eu le plaisir de recevoir Monsieur le Président Kuczynski et je le remercie de cette visite qui nous a permis d’évoquer à la fois les sujets bilatéraux, régionaux et plusieurs points d’intérêt mutuel. J’aurai moi-même le plaisir de me rendre à mon tour à Lima en septembre prochain, à l’occasion de la réunion du Comité international olympique où sera désignée la ville hôte des Jeux olympique de 2024.
Le Pérou est un pays partenaire important avec lequel nous coopérons sur de nombreux dossiers que nous avons évoqués et sur lesquels nous poursuivrons justement la coopération, qu’il s’agisse des satellites, de la coopération technologique, des coopérations économiques que nous souhaitons développer en matière de transport, d’eau et d’autres domaines.
Durant cet entretien, le président m’a confirmé aussi l’engagement total du Pérou, et je m’en félicite, pour la préservation des acquis de l’Accord de Paris. Nous sommes l’un et l’autre pleinement engagés non seulement dans le plein respect de l’Accord de Paris, mais également dans une volonté qui nous unifie d’aller au-delà des engagements qui sont le strict minimum.
Le président péruvien m’a également fait part de son point de vue sur la situation politique en Amérique latine que la France suit avec beaucoup d’attention et pour laquelle nous accompagnerons les bonnes volontés en tant que de besoin. Il a notamment exprimé sa préoccupation vis-à-vis de la situation au Venezuela sur laquelle nous continuerons ensemble à échanger.
Je remercie une fois encore le président pour sa visite avant donc, dans quelques semaines, de lui rendre cette politesse en le visitant à Lima.
Emmanuel MACRON