Sergio González Rodríguez est décédé lundi 3 avril dernier à Mexico des suites d’un infarctus à l’âge de 67 ans. Il avait participé à nos Belles Latinas en 2007 et il avait impressionné le public par la profondeur de sa pensée.
Il avait été connu en France au moment de la publication de son essai Des os dans le désert (éd. Passage du Nord-Ouest, 2007), la première étude solide devenue le livre de référence sur les « disparues de Ciudad Juárez », ces centaines de femmes du Nord du Mexique enlevées, souvent violées et tuées sans que la responsabilité des faits ait été élucidée. Il apparaît même, sous son nom, comme personnage de la quatrième partie du mythique roman de Roberto Bolaño déjà devenu un classique, 2666 (éd. Christian Bourgois), une mise en lumière qui ne lui plaisait pas : il parlait, lui, de souvenirs douloureux de cette longue période d’enquêtes qui lui valurent d’ailleurs d’être enlevé en 1999, laissé pour mort dans une rue de Mexico, ayant eu la chance d’être sauvé par une patrouille de police qui passait dans le coin par hasard. On le voit, il ne manquait pas de courage, un courage qu’il a conservé tout au long de sa vie de journaliste, s’intéressant à la façon dont la violence s’était emparée de son pays.
C’est le sujet de son essai suivant, L’Homme sans tête (éd. Passage du Nord-Ouest, 2009), une réflexion sur tous les symboles autour de la décapitation, pratiquée dès l’Antiquité et qui est redevenue usage courant au Mexique dans les années 1990. Un ouvrage qui mêle journalisme pur, recherche historique, psychologie et essai philosophique, tout en restant à la portée de chacun.
Il a également publié une demi-douzaine de romans, entre autres La pandilla cósmica (Sudamericana, 2005), El vuelo (Mondadori, 2008) et plus récemment une œuvre très curieuse, inclassable, El artista adolescente que confundía el mundo con un cómic (Fondo Nacional para la Cultura y las Artes, 2013) et même un roman pour enfants. Il avait été l’invité du festival Bellas latinas en 2007 et avait impressionné le public par la profondeur de sa pensée.
Christian ROINAT