Sa petite taille lui avait valu le surnom de « Ti René » ; un président pas toujours adulé mais néanmoins un acteur crucial de la transition démocratique haïtienne. Il s’est éteint le 3 mars dernier d’un accident cardio-vasculaire à l’âge de 74 ans.
Un parcours original. René Préval est issu de la classe moyenne noire. Dès l’âge de 19 ans, il fédère une organisation clandestine de gauche avec certains de ses amis. Il part en Belgique où il se forme dans l’agronomie, avant d’être serveur dans des restaurants aux États-Unis dans les années 1970. Il revient ensuite en Haïti pour monter sa boulangerie. Toujours actif dans le militantisme, il fait partie notamment du Mouvement d’Action Démocratique.
Une carrière politique controversée. C’est en 1991 que René Préval est choisi comme Premier Ministre par Jean-Bertrand Aristide. Parallèlement, il dirige dès 1994 le Fonds d’action économique et social. Il est élu à deux reprises : de 1996 à 2001 puis de 2006 à 2011. Toutefois, ses relations avec son ami J-B. Aristide se dégradent lors de son deuxième mandat. Il doit aussi faire face à une grave crise économique et aux « émeutes de la faim » qui en découlent en 2008.
Quel bilan ? Le catastrophique tremblement de terre de 2010 a été une vague déferlante sur la politique prévalienne déjà épineuse. On lui a souvent reproché d’être un homme (trop) discret, par manque de poigne peut-être, et surtout d’avoir manqué de leadership. Quoi qu’il en soit, René Préval a bien souvent privilégié l’entente avec les pays voisins : il a signé des accords de coopération avec Cuba, le Venezuela, et a maintenu une diplomatie calme avec Washington. Et un fait historique, presque malgré lui : il est le premier à avoir soutenu deux mandats sans l’interruption d’un coup d’État, d’un exil ou d’un assassinat.
Lou BOUHAMIDI