L’ancien vice-président Lenin Moreno, candidat d’Alliance Pays (AP, au pouvoir), a recueilli 39,3% des voix face à l’ancien banquier conservateur Guillermo Lasso, du mouvement Créant des opportunités (Creo), crédité de 28,20%, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Second tour, prévu le 2 avril.
Le socialiste Lenin Moreno, candidat du parti au pouvoir en Équateur, s’approchait dimanche de la victoire contre son adversaire de droite, Guillermo Lasso, après le premier tour de l’élection présidentielle pour la succession de Rafael Correa, selon des résultats partiels. Selon les résultats portant sur 81,90% des suffrages exprimés et communiqués par le Conseil national électoral (CNE), l’ancien vice-président Lenin Moreno, candidat d’Alliance Pays (AP, au pouvoir), a recueilli 38,87% des voix face à l’ancien banquier conservateur Guillermo Lasso, du mouvement Créant des opportunités (Creo), crédité de 28,50%. Avant le comptage des derniers 5% Lenin Moreno était crédité de 39,3% des voix face à Guillermo Lasso, 28,2%. Ce qui ne devrait pas permettre au candidat du pouvoir de passer la barre des 40%, synonyme de victoire dès le premier tour. Le second tour, le 2 avril, s’annonce pour le moins incertain : l’ex-députée conservatrice Cynthia Viteri, arrivée troisième avec 16,1% selon les résultats partiels, ayant appelé à voter pour Lasso. Le président du CNE, Juan Pablo Pozo, a recommandé d' »attendre le dépouillement de 100% » des bulletins avant de confirmer une victoire ou un second tour, prévu le 2 avril.
Lasso, 61 ans, s’interroge sur la longueur du délai pour obtenir les résultats définitifs, alors qu’il fêtait prématurément, dimanche soir dans sa ville de Guayaquil, sa présence à un second tour, sous les confettis. « Nous ne permettrons aucune fraude. S’ils trafiquent les résultats, nous descendrons dans la rue« , a-t-il prévenu. Ce qui est en jeu, ce sont deux visions de la société, deux visions du développement, deux visions de l’État, selon le président sortant. Les Équatoriens devaient décider entre la continuation du « Socialisme du XXIe siècle » de Rafael Correa, héritier du leadership latino-américain du défunt président vénézuélien Hugo Chavez, et le basculement à droite comme en Argentine, au Brésil et au Pérou. Mais quoi qu’il arrive, l’Équateur tournera la page Correa, le président qui ne se représente pas après dix ans au pouvoir et qui laisse ce petit pays andin de 16 millions d’habitants modernisé, avec des inégalités sociales réduites, mais en proie à la crise économique. Les généreuses politiques sociales du gouvernement se heurtent depuis 2013 à la baisse des revenus tirés du pétrole, et les exportations (bananes, café) sont freinées par la remontée du dollar américain, seule monnaie en circulation dans le pays depuis l’abandon de sa devise, le sucre, en 2000.
Guillermo Lasso appelle à un « changement afin de lutter contre la corruption », affirmant que le gouvernement « ne veut pas que nous sachions qui sont les bénéficiaires des pots-de-vin d’Odebrecht ». Selon la justice américaine, le groupe de construction brésilien a versé 33,5 millions de dollars, entre 2007 et 2016, à des fonctionnaires équatoriens. Le gouvernement a averti qu’il n’admettrait pas d’accusations « sans preuve », Rafael Correa dénonçant « une campagne si négative, si sale ». Un ex-ministre est toutefois impliqué dans une affaire visant l’entreprise publique Petroecuador. S’il est élu, Guillermo Lasso entend retirer l’asile à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks réfugié à l’ambassade équatorienne de Londres depuis 2012, sous le coup d’une demande d’extradition en Suède pour un viol présumé. Sur le plan intérieur, il promet de baisser les impôts et de rétablir la croissance à un niveau de 5% d’ici 2021, après une année 2016 de récession susceptible de se prolonger en 2017.
Lenin Moreno, paraplégique depuis 1998 après avoir été touché par balle, défend l’héritage de la gauche au pouvoir depuis une décennie, avec à sa tête le président sortant Rafael Correa. Moreno promet d’augmenter les dépenses sociales tout en modérant la « révolution citoyenne » promise par Rafael Correa, ternie par des scandales de corruption et mise en difficulté par la chute des prix du baril de pétrole. Le prochain chef de l’État doit prendre ses fonctions le 24 mai.
Catherine TRAULLÉ