Le musée de l’Homme de Paris propose, de janvier à avril 2017, une exposition consacrée à la famille lafkenche du peuple Mapuche. « Mapu » signifie « Terre » et « Che » (prononcer tché) « les hommes » ; Mapuche, « l’homme de la terre ». Le mot « lafkenche » lui vient de « Che », les hommes, et « Lafken » (prononcer lafquène), « la mer ». Lafkenches, « les hommes de la mer », de la côte, que l’on trouve surtout entre le Lago Budi et l’océan Pacifique près de Valdivia dans le sud du Chili. Entre photographie, ethnographie et ethnobotanique, l’exposition mêle de manière originale art et sciences et nous emmène à la découverte du peuple mapuche.
Photo : Service presse Musée de l’Homme à Paris
Née d’une collaboration inédite entre le collectif d’artistes « Ritual Inhabitual (Florencia Grisanti et Tito González García) et les chercheurs du département « Hommes, Natures, Sociétés » du Muséum national d’histoire naturelle, elle met à l’honneur la culture mapuche et notamment la cosmogonie, les pratiques rituelles et la connaissance des plantes qui se maintiennent, se transmettent et se transforment à travers la relation entre l’ancienne et la nouvelle génération. Le travail photographique sur les communautés amérindiennes « traditionnelles », mais aussi catholiques et évangéliques, et les jeunes rappeurs de la banlieue de Santiago, a donné naissance à une magnifique galerie de portraits des acteurs des principaux rituels du peuple mapuche ; tandis qu’en parallèle, une étude sur les plantes endémiques a permis la création d’un herbier, qui illustre non seulement la diversité des formes végétales existantes dans la région, mais aussi la diversité d’usages associés à ces plantes. Toutes les images ont été réalisées avec une technique photographique atypique « le collodion humide », l’un des premiers procédés photographiques sur plaque de verre datant de 1851.
Chaque samedi, une programmation spéciale :
Samedi 21 février. De 14 h 30 à 16 h : rencontre avec les artistes et scientifiques pour découvrir la genèse de l’exposition autour d’un film (40 min). Avec Florencia Grisanti et Tito González García, artistes du collectif Ritual Inhabitual ainsi que Serge Bahuchet, ethnoécologue, et Flora Pennec, ingénieure d’études en botanique et écologie, du Muséum national d’histoire naturelle – musée de l’Homme. De 16 h 30 à 18 h : rencontre avec les acteurs du programme de Médecine interculturelle dans les hôpitaux en terre mapuche. Dans certaines régions où se trouvent des populations autochtones, il existe des pôles de médecine interculturelle publics où l’on peut aller voir un chaman et être remboursé par le système de santé chilien. Avec Rosa Barbosa, chamane de l’hôpital de Puerto Saavedra ; Andrés Paillaleo, coordinateur du pôle de médecine interculturelle de l’hôpital de Puerto Saavedra, et Digna Paillan Colihuinca, représentante de communauté mapuche de la région du lac Budi.
Samedi 25 février. De 14 h 30 à 16h : Violeta Parra au Wallmapu : rencontres méconnues avec le chant mapuche. À l’occasion du centième anniversaire de la naissance de la chanteuse, artiste et ethnomusicologue Violeta Parra, découvrez son rapport avec le peuple mapuche. Au programme : séance d’écoute et échange avec les expertes Paula Miranda, professeur de la P. Universidad Católica de Chile spécialiste de l’œuvre de Violeta Parra, et Elisa Loncon, académicienne de l’Universidad de Santiago de Chile et experte en culture mapuche et mapudungun , la langue des Mapuches. De 16 h 30 à 18 h : Concert / Performance de Julie Rousse. « Esperando la lluvia », une performance sonore de la musicienne Julie Rousse (électronique, microphone, kültrün, laptop), résultat de sa recherche dans les communautés mapuches du Lac Budi en 2015.
Samedi 18 mars. De 14 h 30 à 16 h : « Le portrait et l’herbier. L’ethnographe, le photographe et le savoir de l’Indien », une réflexion sur le rapport entre art et ethnographie, avec des extraits de films et une conférence. Avec Vincent Debaene (Columbia University / Université de Genève). De 16 h 30 à 18 h : « Le mysticisme mécanique de l’appareil photographique » : magie, superstition et photographie en Amérique du Sud. Avec Sergio Valenzuela Escobedo, co-commissaire de l’exposition « Mapuche, voyage en terre Lafkenche » (École nationale supérieure de la photographie – ENSP/ l’Université d’Aix-Marseille AMU).
Samedi 8 avril. En résonance avec l’exposition temporaire « Nous et les Autres. Des préjugés au racisme », l’exposition « Mapuche » vous invite à une journée de réflexion autour de l’intégration des populations autochtones au sein de la société chilienne. À travers le rap, des jeunes Chiliens d’origine mapuche vivant dans la capitale se réapproprient leur langue, leur culture et leur cosmogonie. Le label Wetruwe Producciones vous fait découvrir les artistes issus de ce brassage ethnique faisant preuve du dynamisme de la culture mapuche. 14 h 30 à 15 h : projection du film de Raúl Ruiz « Ahora te vamos a llamar hermano » (1971), 13 min. De 15 h à 16 h 30 : conférence/concert autour du rap mapuche par le label Werwe Producciones « Résistance et Tradition orale ».
Jac FORTON