C’est le message que le président argentin Mauricio Macri adresse à l’Europe pendant sa tournée sur le continent. Abandonnant la décennie de politiques de « Croissance avec inclusion sociale » du kirchnérisme, Macri a repris les thèses de l’économie néolibérale orthodoxe qui, selon lui, sont « le seul chemin possible ». Ses objectifs : l’intégration du Mercosur, convergence avec l’Alliance du Pacifique et avance des accords de libre-échange avec l’Union européenne (UE).
Photo : Service de presse de l’Élysée
« Parce que nous croyons que le futur passe par la création de nouveaux réseaux et non par celui de lever des murs », le président Macri est venu en Europe chercher des accords de libre-échange. Se plaçant nettement à droite du spectre politique, il avait dès son élection, reçu le soutien des États-Unis et du Parti Populaire espagnol de Mariano Rajoy. D’ailleurs, pour lui, « le parti Podemos est financé par le chavisme et le kirchnérisme » (1) !
En France
Le président argentin a été reçu à Paris par le président François Hollande le 2 juillet dernier. Il est venu « approfondir la relation politique et renforcer les échanges bilatéraux avec la France de manière à améliorer notre balance de paiements ». 30 % des exportations argentines vers la France concernent le soja, 15 % des achats argentins à la France concernent l’industrie aéronautique ou automotrice. En 2014, la balance commerciale était négative pour presque un milliard d’euros au détriment de l’Argentine. Autre point important pour le président argentin : accélérer les discussions pour qu’un accord de libre-échange soit signé entre l’UE et le Mercosur. Cet accord est en discussion depuis plusieurs années et butte principalement sur les politiques protectionnistes françaises et allemandes, en particulier concernant leurs productions agricoles.
Au siège de l’UE à Bruxelles
À la recherche d’investissements et d’accords commerciaux, Macri a rencontré la Haute représentante de l’UE pour la politique extérieure, l’Italienne Federica Mogherini, puis le président actuel du Conseil de l’Europe, le Polonais Donald Tusk, toujours « pour accélérer » l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur qui ne peut « qu’attirer des opportunités pour les Argentins ». En ligne avec les orientations économiques et politiques du nouveau président, l’Argentine préfèrerait un Mercosur sans le Venezuela, un Brésil sans Rousseff et un rapprochement avec l’Alliance du Pacifique. Ce qui a fait dire à l’ambassadeur US à Buenos Aires que l’attitude du nouveau président « dépassait toutes les attentes » de Washington et que « tous les fonctionnaires états-uniens collaboreront » avec l’administration argentine… Trois accords ont été signés lors de cette tournée européenne : un mémorandum de coopération, l’ouverture d’un dialogue en matière de politique régionale et d’urbanisme, et une procédure d’échange de fonctionnaires diplomatiques. Les participants ont reconnu que le principal obstacle est le protectionnisme de la France et de l’Allemagne envers leurs produits agricoles. Pour Macri, « une véritable intégration inclut tous les secteurs ». Les Parties ont également évalué l’impact du Brexit sur les relations Europe-Argentine.
En route pour Berlin
Dernière étape européenne, une rencontre avec la chancelière Angela Merkel à Berlin. Celle-ci, adepte viscérale du libre commerce, a convenu que « l’application des principes du libre-marché peuvent nécessiter des décisions douloureuses pour les personnes à petits revenus, mais à moyen et long terme, ces réformes rendent des bénéfices ». Donc, elle approuve et soutient les politiques d’ajustement et les réformes menées par décrets du président argentin. Celles-ci ont provoqué une augmentation gigantesque des tarifs des services publics (jusqu’à 600 % dans certains cas), le licenciement de plus de 120 000 travailleurs en moins d’un mois, une dévaluation de 40 % du peso, etc. Mme Merkel a aussi convenu que « bien que l’Allemagne est ouverte aux négociations avec le Mercosur », elles seront complexes parce que le secteur agricole est un thème compliqué pour la France et l’Allemagne.
Mercosur-UE, un accord impossible ?
L’ambassadeur argentin et la Chambre allemande du Commerce et de l’industrie ont organisé à Hambourg et Berlin un forum intitulé « Opportunités de commerce » en Argentine, qui a inclus une rencontre entre hommes d’affaires des deux pays. Le président Macri en a profité pour se réunir avec les présidents de Mercedes Benz, Volkswagen et Siemens. Un accord de libre-échange entre les deux blocs paraît encore très lointain, d’abord en vertu des réticences françaises et allemandes sur le secteur agricole mais aussi parce que ce type de traité devra ensuite être ratifié par les Parlements des 28 pays de l’UE. Conclusion du président argentin : « Il faut que la France flexibilise sa position et nous avons confiance dans le leadership de l’Allemagne ».
Jac FORTON