Dans la ville chilienne de Puerto Varas, région des lacs, a eu lieu ce 1er juillet le XIe Sommet de l’Alliance du Pacifique (AP), qui réunissait la présidente du Chili, Michelle Bachelet, et les présidents de la Colombie, Juan Manuel Santos, du Mexique, Enrique Peña Nieto et du Pérou, Ollanta Humala. Ils étaient accompagnés par le nouveau président élu du Pérou, Pedro Pablo Kuczynski.
Photo : Alianza Pacifico prensa
Rappelons que l’Alliance du Pacifique (AP) est un bloc économique regroupant quatre pays d’Amérique latine : le Chili, la Colombie, le Pérou et le Mexique. Elle a été lancée à Lima au Pérou, le 28 avril 2011, par l’Accord du Pacifique. Selon la Déclaration de Lima, l’objectif de cette coopération était « d’encourager l’intégration régionale, et ainsi la croissance, le développement et la compétitivité des économies de ces pays qui s’engagent à avancer progressivement vers l’objectif d’atteindre la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes ».
En seulement cinq ans, avec 220 millions de consommateurs, 44 % des investissements étrangers directs en Amérique latine, la moitié du commerce extérieur et 38 % du PIB régional, l’AP est considérée comme la sixième plus grande économie du monde. Cette réussite est due à un partenariat solide, et la cohésion interne de ces quatre pays qui font bloc au lieu de rivaliser séparément, qui ont des modèles économiques similaires, et dont les dirigeants politiques partagent la même vision, comme l’ont déclaré Humala, l’actuel président du Pérou jusqu’au 28 juillet, le président colombien, Juan Manuel Santos, et la ministre péruvienne Magali Silva. L’Alliance du Pacifique séduit ainsi d’autres pays, en particulier l’Argentine et le Costa Rica, leurs présidents, Mauricio Macri et Luis Guillermo Solís l’ayant exprimé à l’occasion d’une réunion de 700 chefs d’entreprises qui se déroulait en marge de l’AP à Frutillar, ville du sud chilien. D’autre part, quarante-neuf pays ont signé en tant qu’observateurs de l’Alliance du Pacifique.
Lors de la réunion plénière, les présidents ont rappelé les réalisations de l’AP au cours de la dernière année, dont l’entrée en vigueur de l’Accord-cadre de l’Alliance, le 20 juillet 2015, et son protocole commercial, le 1er mai 2016. Ils ont souligné également l’augmentation du nombre d’États observateurs, de 32 à 49, les progrès dans le cadre préliminaire des négociations avec l’ASEAN, le dialogue informel avec l’APEC (Coopération Economique Asie-Pacifique) et la signature d’un accord de partenariat avec le Canada en juin dernier. Les ministres des Affaires étrangères ont signé l’Accord interinstitutionnel sur la mise en œuvre d’un mécanisme de consultation des informations à des fins d’immigration, pour faciliter la mobilité des personnes et de son annexe, la « Plate-forme d’information immédiate et de consultation à des fins d’immigration pour faciliter la mobilité des personnes ».
En marge de l’Alliance du Pacifique
Les médias se sont beaucoup intéressés à la première rencontre ce premier juillet, en marge du sommet de l’Alliance du Pacifique, entre la présidente chilienne, Michelle Bachelet et le nouveau président élu du Pérou, Pedro Pablo Kuczynski qui a, quant à lui, exprimé son désir de renforcer les relations avec le Chili, un voisin avec lequel les liens sont un peu complexes. La Cour Internationale de Justice de La Haye a modifié en 2014 la frontière maritime entre le Chili et le Pérou, après une plainte déposée par le gouvernement péruvien. Pour le Chili cette décision a complètement réglé les questions frontalières avec ce pays, mais le Pérou revendique la possession d’un très petit triangle terrestre.
Bachelet et Kuczynski se sont retrouvés à l’hôtel Patagónico de Puerto Varas avant le sommet présidentiel de l’Alliance du Pacifique, auquel le président sortant du Pérou, Ollanta Humala, accompagnait le nouveau président élu, Kuczynski. La future vice-présidente du Pérou, Mercedes Araos, assistait également à la rencontre. Du côté chilien, ce sont les ministres des Affaires étrangères, Heraldo Muñoz, et des Finances, Rodrigo Valdés, qui étaient présents. Kuczynski a déclaré vouloir améliorer les relations entre les deux pays. Dans ce sens, il a annoncé son intention de rétablir les réunions du mécanisme de coordination connu comme “2+2”, qui réunit les ministres des Affaires étrangères et les ministres de la Défense des deux pays. “Nous devons rétablir le “2+2”, ce qui, je crois, peut se faire rapidement » a dit Kuczynski qui prend ses fonctions le 28 juillet prochain.
Le sujet du petit triangle terrestre n’a pas été abordé pendant l’entretien. “Nous avons parlé des relations diplomatiques qui existent et que nous voulons renforcer pour que le Chili et le Pérou continuent de travailler ensemble dans ce petit coin du monde, où nous sommes loin des grands marchés » a-t-il précisé. « Notre rencontre a été très positive, j’ai toujours été l’ami de tous les pays voisins et je continuerai de l’être. Je suis sûr que nous allons avoir une excellente relation politique et économique » a-t-il ajouté. Du côté chilien, le ministre des Affaires étrangères a déclaré : “Nous sommes membres de l’Alliance du Pacifique, nous sommes dans le Forum de Coopération Economique d’Asie-Pacifique (APEC), nous avons signé conjointement le TTP (Accord de Coopération Trans-Pacifique), il y a d’importantes communautés de péruviens dans notre pays et des investissements mutuels. Tout est donc en place pour construire un futur avec le Pérou, et le moment est propice »
Catherine TRAULLÉ