Ce 20 juin se célébrait la journée mondiale du réfugié. Si l’Europe est la principale destination de milliers de personnes qui fuient la guerre, l’Amérique latine n’est pas étrangère au phénomène. Il est vrai que ces dernières années, l’accent a été mis sur les Syriens qui quittaient leur pays à cause de la guerre civile, mais dans le continent sud américain, il y a aussi des exemples de pays qui ont ouvert la porte à des frères pas si éloignés.
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Des milliers de gens se tournent avec espoir vers l’Amérique latine, un continent aux bras ouverts
L’Équateur est peut être le plus emblématique pour être le pays qui a accueilli le plus de Colombiens qui fuyaient les conflits internes. Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), l’Équateur avait eu, fin 2015, plus de 230 000 demandes d’asile. 70 % des réfugiés vivent en zone urbaine. La plupart restent près de la frontière, dans des régions défavorisées au plan des services et des infrastructures, rapporte le journal El Comercio d’Équateur qui, à l’occasion de la journée des réfugiés, a recueilli quelques histoires de vie de Colombiens réfugiés :
Lucenia, est une jeune femme de 24 ans qui a fui la violence dans son pays. « Là-bas ma vie était en danger. Quand j’avais 12 ans, mon frère a été séquestré et tué » a-t-elle dit au journal. Lucenia a trois enfants. En réalité, elle a pris en charge un bébé supplémentaire, à la santé précaire, dont la mère était morte. « J’ai su qu’une femme était morte en laissant neuf enfants. En arrivant dans la maison, il y avait ce bébé qui pleurait et était inconsolable » raconte t-elle. Après plusieurs mois à l’hôpital le père de l’enfant a accepté que Lucenia prenne soin de lui. « Je suis maintenant dans un processus d’adoption » a-t-elle ajouté.
Carmen est arrivée de Colombie il y a 13 ans comme réfugiée. Elle participe à la campagne lancée par le HCR, publie El Comercio, pour demander aux gouvernements de garantir à tous les enfants réfugiés un lieu sûr pour vivre, une opportunité de travail et un espace de développement personnel. Cette pétition sera remise au siège de l’ONU le 19 septembre prochain. Carmen a quitté la Colombie après que son frère a été assassiné. “J’ai parlé avec de nombreuses personnes qui disent que nous sommes des narcotrafiquants, et je leur ai expliqué patiemment que nous ne sommes pas tous mauvais. Nous venons d’un pays de conflits, mais nous ne sommes pas tous les mêmes ».
L’Équateur est donc un des meilleurs exemples. La majorité des réfugiés sont des Colombiens, en raison du conflit interne entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (les FARC). “Les gens qui viennent ici ne nous regardent même pas dans les yeux. Ils sont abîmés. Il y a des gens qui parlent à peine, ils sont gênés de raconter leur situation. Ils sont penauds, nostalgiques, effondrés », a déclaré une assistante sociale qui s’occupe des réfugiés en Équateur à El Diario. Dans d’autres pays des gens fuient des situations difficiles, comme en Amérique centrale ou au Venezuela.
Les réfugiés syriens
En 2015, il y a eu une série d’initiatives sur le continent sud-américain pour favoriser l’accueil de réfugiés syriens qui fuyaient la guerre civile dans leur pays. La plupart sont arrivés au Brésil, mais aussi en Argentine et en Uruguay. “Le Brésil a eu une politique portes ouvertes pour les réfugiés. Ils sont encore peu nombreux, mais il s’agit là d’un exemple qui doit être suivi au niveau mondial » a déclaré à BBC Mundo le représentant du HCR dans le pays, Andrés Ramírez. Dans ce pays, les réfugiés syriens peuvent avoir accès à l’éducation et à la santé, et peuvent avoir des opportunités de travail plus souples que dans d’autres pays. Dans le cas de l’Argentine, il y a une importante communauté syrienne. Elle a reçu 233 personnes depuis le début du conflit, rappelle BBC Mundo selon les données de la Commission nationale pour les réfugiés. Il existe dans le pays un Programme syrien officiel. L’Uruguay a accueilli, en 2014, 42 citoyens syriens, geste d’ouverture et de prise de conscience du drame que vivent des millions de personnes dans le monde. Mais avec le temps, certains de ces réfugiés ont eu des difficultés d’adaptation. D’autres pays comme le Chili et le Mexique ont envisagé d’ouvrir leurs portes aux réfugiés syriens.
Les bonnes pratiques législatives
Les Amériques ont la tradition ancienne de donner asile et protection à ceux qui en ont besoin. Cette hospitalité a donné lieu à une série de bonnes pratiques législatives dans le continent, informe le HCR sur son site web. Ainsi cette agence a publié 30 bonnes pratiques législatives concernant, entre autres, le respect des réfugiés, leur droit à l’asile, l’assistance juridique gratuite, la formation continue, la régulation des déplacements internes. Il est certain que l’Amérique latine a été et restera un lieu d’espoir pour beaucoup qui fuient la guerre et la pauvreté, et aussi un exemple de fraternité en accueillant des personnes des pays voisins. L’Amérique latine reste un continent de rêves, quelque chose qu’il valait la peine de rappeler en ce jour si spécial pour ceux qui sont confrontés à cette situation.
Traduit par Catherine Traullé
D’après Aleteia