Quarante ans après la rétrospective organisée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1976, l’Institut culturel du Mexique se replonge dans l’œuvre graphique du peintre et sculpteur mexicain José Luis Cuevas qui occupe une place tout à fait particulière dans le paysage artistique du Mexique contemporain. Exposition ouverte au public du 2 juin au 12 août prochain.
L’exposition rassemble une cinquantaine de lithographies, sérigraphies, gravures et eaux fortes réalisées par cette figure singulière de la modernité entre 1962 et 2000. Les visiteurs pourront découvrir des pièces maîtresses de plusieurs séries majeures du peintre comme Cuevas Charenton, Homage to Quevedo, Cuevas Comedies, Intolerancia, Animales Impuros ou encore Sueños, ainsi que des gravures de grand format réalisées dans les années 80 et 90.
Collection personnelle de l’une des trois filles de l’artiste, agrémentée de trois précieux clichés du maître par le légendaire photographe cubain Jesse Fernández, cette exposition inédite constitue une évocation très riche de quatre décennies de création. Suivant un itinéraire chronologique rigoureux, l’exposition se déploie sur quatre sections qui mettent en lumière chaque étape de l’évolution artistique de cet adepte de Dostoïevski et Kafka, habité par sa vision érotique et mélancolique du monde.
Jose Luis Cuevas (1934, Mexico)
Dès l’âge de quatorze ans, il se consacre au dessin. Ses premières expositions à l’étranger ont un succès qui ne se démentira pas. Très tôt, il se détache de l’influence des muralistes, largement dominante à cette époque dans la peinture mexicaine. Il devient le fer de lance de ce mouvement informel que l’on a surnommé Ruptura et qui exprime le mécontentement des jeunes artistes devant le dirigisme de leurs aînés.
Il expose à Washington en 1954 et l’année suivante à Paris, galerie Edouard Loeb – à cette occasion, une petite monographie est publiée où Philippe Soupault écrit : « Ce jeune peintre me rappelle par sa précocité la violence de Rimbaud »… Aux États-Unis, où il expose en 1963 à l’Union Pan-Américaine de Washington sous l’égide du critique d’art cubain José Gomez Sicre, le Time Magazine lui consacre un article dithyrambique, évoquant son choix de personnages sortis des asiles de fous, des hôpitaux pour les pauvres et des taudis : « Avec une économie de lignes floues, tracées sur le papier par des pinceaux presque sans poils, il montre puissamment la réticence voûtée de la schizophrénie, l’arrogance de la mégalomanie, le regard fixe de la pauvreté et de la maladie ». Le travail de Cuevas, dessins, encres et aquarelles, se vend immédiatement.
Dans l’esprit initié par la Ruptura, il fonde au début des années 1960 le groupe Nueva Presencia qui prône l’art néo figuratif et l’expression individuelle. Il reçoit en 1981 le Prix National des Beaux-Arts du Mexique. Il réalise des sculptures dont La Giganta inspirée par le sonnet de Baudelaire La géante. Cette pièce spectaculaire exprimant la dualité masculin-féminin se trouve dans la cour d’entrée du Musée José Luis Cuevas créé en 1992 au coeur de l’ancien monastère de Santa Inès dans le quartier historique de Mexico. Le Musée Reina Sofia à Madrid lui consacre une rétrospective en 1998 et l’année suivante la Fondation Pablo Picasso à Malaga expose son oeuvre graphique.