Federica Matta a des origines multiples. Elle est née en France en 1955 d’une mère originaire des États-Unis et d’un père chilien d’ascendance péruvienne, l’artiste Roberto Matta. Elle passe son enfance à Paris, à Boissy-sans-Avoir et à Panarea en Grèce. Pendant ces années-là, elle voyage avec ses parents en Grèce, aux États-Unis et en Italie. Elle s’est rendue au Chili – en mars dernier – à la fois pour présenter son livre en espagnol El viaje de los imaginarios en 31 días aux éditions Aún creemos en los sueños et travailler sur deux de ses œuvres publiques avec deux architectes à Santiago. Cet article a été publié par Marilú Ortiz dans le journal chilien El Mercurio et nous le publions en français avec son autorisation.
Un soleil éclatant souhaite la bienvenue à ce livre dont les illustrations et le texte calligraphié nous invitent au voyage. C’est un thème récurrent dans les créations de Federica Matta. “Pour moi la vie est un voyage : pas nécessairement un déplacement mais plutôt une exploration à l’intérieur de soi-même. Voilà ce que j’ai voulu partager dans ce livre” nous confie l’auteure quelques heures après sa descente de l’avion qui l’a amenée à Santiago. Née à Paris de parents américains – sa mère est du Nord, son père est du Sud –, elle est l’image même du multiculturalisme. Actuellement, elle vit entre les États-Unis, la France et l’Espagne où elle prépare des œuvres publiques, des expositions et des livres. Mais on la voit aussi en Suisse, en Belgique et en Martinique de sorte qu’elle parcourt le monde avec ses deux valises, comme une artiste nomade : l’une transporte ses effets personnels, l’autre son atelier. Aujourd’hui, dans son hôtel, elle peint. Elle restera chez nous quelques semaines, dans ce pays qui “est très important pour moi, et c’est pour cette raison que je suis venue y présenter mon nouveau livre”.
Le voyage des imaginaires en 31 jours publié par les éditions Aún Creemos en los Sueños est sorti le 22 mars dans les rayons de la librairie Le Monde Diplomatique et le 31 mars à la Fundación Cultural de Providencia. Il s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Victor Hugo de la Fuente en est l’éditeur et il confirme que c’est une œuvre “inclassable, à l’image de son auteure”. Dans son livre, illustré de dessins aux joyeuses couleurs, Federica Matta déroule un itinéraire de 31 jours au cours duquel elle propose des actions qui ont pour but de mettre en lumière certains aspects d’une traversée qui tient du voyage initiatique. Elle nous incite à approfondir cette expérience par des citations et des maximes d’auteurs qui l’ont marquée, comme Nicolas Bouvier : “On croit qu’on va faire un voyage mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait” – ou René Char qui affirme dans une phrase servant de conclusion au livre, que “seul ce que tu donnes t’appartient à demeure”.
Le voyage de Federica au Chili a un deuxième objectif : il marque le commencement des travaux de restauration de son œuvre mythique sur la Plaza Brasil, composée de 22 sculptures/jeux pour enfants et réalisée au début des années 1990. “Au fil du temps les couleurs originelles et de nombreuses surfaces se sont altérées, il faut donc les reprendre” précise-t-elle. Elle est très heureuse de conduire ces travaux avec l’équipe qui a participé à ce projet dès les premiers jours : Aldo Roba et Ana María Rodríguez, architectes à Santiago. “Et une toute dernière bonne surprise : nous avons des projets pour une autre place, à Quilicura”, nous révèle l’artiste. Elle doit aussi se rendre à La Serena pour achever une autre de ses œuvres publiques composée de fleurs de grandes dimensions et commencée il y a dix ans. “Ces fleurs traversent toute la ville, elles balisent un sentier qui ira du bord de mer jusqu’à la vallée de Elqui, en hommage à Gabriela Mistral” précise-t-elle.
Partout où elle a créé des œuvres publiques, elle a toujours mis en place, quel que soit le continent, des ateliers pour les enfants, leur permettant de mettre la main à la pâte et de développer leur créativité. “Les livres sont le reflet de ces échanges” ajoute-t-elle. Le travail de Federica Matta est donc global, à l’image du globe autour duquel sans cesse elle se déplace, emportant avec elle ses couleurs et son imagination.
Marilú ORTIZ