Ancien directeur du Théâtre du Capitole de Toulouse (2009-2015), Frédéric Chambert a quitté la ville rose début 2016 pour assurer la direction du Théâtre municipal de Santiago du Chili. Nous publions ci-dessous la traduction autorisée d’un article qui lui a été consacré dans le journal El Mostrador en 2015.
Plusieurs défis attendent Frédéric Chambert. Il devra tout d’abord prendre en main les commandes d’une machine dont les rouages sont grippés après le long mandat de son prédécesseur. Il lui faudra batailler avec la “Corporación de Amigos del Municipal” et avec les cinq syndicats présents dans les murs de cette institution. Il lui faudra également faire face à la méfiance de plusieurs personnes, comme par exemple le dramaturge Ramón Griffero, un des leaders de la campagne “Movimiento liberar el Municipal” qui, certes, a applaudi au départ de Andrés Rodríguez mais souhaitait un successeur chilien lui aussi et non pas pas étranger.
La période de l’attente est maintenant terminée et elle n’a pas été particulièrement douce. Le Théâtre municipal de Santiago du Chili est resté toute une année virtuellement acéphale ; mais maintenant il a un nouveau directeur. Frédéric Chambert est français, il quitte les fonctions de directeur artistique du Théâtre du Capitole de Toulouse. Son nom s’est imposé face à une longue liste de postulants, dont le Chilien Maximiano Valdés et l’Argentin Marcelo Lombardero. Il succède au fauteuil de Andrés Rodríguez, un des derniers remparts du “pinochettisme” culturel, qui a dirigé pendant plus de trente ans ce flambeau de la culture nationale.
L’an dernier, au mois de juin, Carolina Tohá, élue PPD, maire de Santiago et en même temps présidente de la Corporación Cultural qui préside aux destinées du grand Théâtre municipal de Santiago a demandé la démission de Rodríguez. Cela a provoqué un beau remue-ménage car il n’y avait personne pour le remplacer et les critères de recrutement restaient secrets. Un climat d’incertitude s’est installé sur le centre et les critiques ont fusé de tous bords.
Ses défis
Frédéric Chambert devra affronter plusieurs défis. D’une part, il devra prendre en main les commandes d’une machine dont les rouages sont grippés après le long mandat de son prédécesseur. D’autre part, il lui faudra maintenir le Théâtre municipal au niveau artistique le plus haut, résultat atteint par Rodríguez grâce à de nombreux contacts dans le monde entier. Il devra aussi rencontrer la Corporación de Amigos del Municipal, club de personnes fortunées offrant entre autres des bourses et des aides aux artistes talentueux, ainsi que les cinq syndicats référencés au sein de ce théâtre. Il lui faudra également faire face à la méfiance de plusieurs personnes, notamment par exemple le dramaturge Ramón Griffero, un des leaders de la campagne “Movimiento liberar el Municipal” qui, certes, a applaudi au départ de Andrés Rodríguez mais souhaitait un successeur chilien lui aussi et non pas par étranger. Signalons au passage que Frédéric Chambert domine assez l’espagnol pour avoir traduit plusieurs livres de l’écrivain uruguayen Horacio Quiroga dont Contes d’amour, de folie et de mort et Anaconda.
À son actif
Natif d’Aix-en-Provence, il a fait des études de littérature, de philosophie et de sciences politiques à Paris. Il a à son actif la création en 1987 de “A comme Art Management”, une compagnie spécialisée dans la création et le développement de projets musicaux et chorégraphiques qu’il dirige jusqu’en 1998. De 1998 à 2004, il assure la coordination de l’activité artistique et la gestion de la production de l’Opéra national de Paris en qualité d’adjoint au directeur. Au vu des bons résultats qu’il obtient, il devient en mai 2004 conseiller technique en charge de la musique et de la danse au cabinet de Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication. Il exerce cette fonction jusqu’en mai 2007. Entre 2007 et 2008 il est chargé d’une mission d’expertise dans la perspective de l’ouverture d’une grande salle de concert, la Philharmonie de Paris. Il est nommé directeur artistique du Théâtre du Capitole de Toulouse en 2009.Un détail curieux : il est aussi l’auteur d’un livre qui est à l’origine du court-métrage Alea jacta est (2005). Il raconte l’histoire d’un médecin qui sauve un enfant malgré l’opposition de son chef. Gageons que Frédéric Chambert ne regrettera pas d’avoir à relever ce nouveau défi.
Héctor COSSIO et Marco FAJARDO
Traduit par Jean-Paul Bostbarge